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L’un des cofondateurs de Greenpeace, Bennett Metcalfe, aura des mots tranchants : « Quand je repense à toutes ces années, à tout ce qui s’est passé depuis que nous avons fondé cette organisation, j’ai vraiment l’impression d’avoir créé un monstre. »

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Dans les documents de l’IRS, Le Point a découvert un mécénat troublant. En 2019, Greenpeace Fund reçoit un don de 1 350 000 dollars de la David and Lucile Packard Foundation, créée par le cofondateur du géant de l’électronique Hewlett-Packard (HP) avec son épouse. Un montant important, qu’on retrouve presque chaque année : Greenpeace Fund, mais aussi Greenpeace Japan, Greenpeace Australia Pacific, Greenpeace Southeast Asia… La David and Lucile Packard Foundation arrose littéralement l’ONG de financements : entre 2007 et 2019, selon les seuls documents de l’IRS, différentes entités de Greenpeace vont toucher près de 8,5 millions de dollars. Et depuis 2019, la fondation lui a alloué 5,2 millions de dollars de dons supplémentaires. Le premier versement a lieu en 2007, quelques mois seulement après le lancement par Greenpeace d’une
campagne agressive contre… Apple, le concurrent de HP dans les ordinateurs portables, accusé de ne pas recycler les substances chimiques dangereuses contenues dans ses produits. Pendant des semaines, les Apple Stores sont pris d’assaut par des militants excédés, et la campagne rencontre un énorme retentissement mondial, au point de faire trembler Steve Jobs. Pendant plusieurs années, Apple figurera en queue du classement de l’ONG des entreprises vertueuses de l’électronique, HP s’en tirant avec la moyenne…
Interrogée, l’organisation dément fermement tout conflit d’intérêts. « La Packard Foundation est une fondation familiale indépendante. Si Lucile et David Packard ont joué un rôle important et établi le succès d’HP, ils ont créé cette fondation comme une entité totalement séparée pour soutenir leurs activités philanthropiques », affirme la directrice des partenariats institutionnels de Greenpeace USA, Jennifer Dellegrazio. « Depuis 2007, la Packard Foundation soutient notre travail pour la conservation des océans. Leurs dons n’ont financé aucun élément de la campagne “Green My Apple” lancée en 2006 », précise-t-elle. Contactée par Le Point, la fondation affirme n’avoir aucun lien avec l’entreprise HP.

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En 2014, le secrétaire général de l’Otan, Anders Fogh Rasmussen, cité par le Guardian, accusait la Russie de financer en sous-main « de prétendues ONG environnementales engagées contre le gaz de schiste, pour maintenir la dépendance européenne au gaz russe importé… » Une dépendance accélérée en Europe par la sortie du nucléaire, amorcée en Allemagne par le chancelier Gerhard Schröder (qui rejoindra ensuite le géant du gaz russe Gazprom), puis par l’Autriche, la Belgique…, et soutenue aujourd’hui par le vice-président exécutif de la Commission européenne Frans Timmermans, farouchement opposé à l’atome, et dont le chef de cabinet, Diederik Samsom, fut longtemps employé par Greenpeace, où il était chargé, précisément, des campagnes nucléaires.
Frans Timmermans, le vice-président exécutif de la Commission européenne, est très critique sur l’énergie nucléaire. Son chef de cabinet, le Néerlandais Diederik Samsom, est l’ancien responsable de la campagne sur le nucléaire à Greenpeace (ici penndant une action contre le rejet en mer d’eau radioactive de la Cogema). Dans les couloirs de la Commission européenne, ils sont nombreux à évoquer le poids du gouvernement allemand, opposé à l’inclusion du nucléaire français dans la taxonomie verte européenne, dont l’enjeu concerne autant l’écologie que… la compétition industrielle. Le poids de l’organisation sur la politique allemande est considérable, comme l’a confirmé la participation de Jennifer Morgan, la dirigeante de Greenpeace International, au gouvernement d’Olaf Scholz. Une nomination qui a fait grincer plusieurs acteurs économiques français… « Pourquoi la déstabilisation sur les OGM ou le nucléaire se concentre-t-elle sur l’Europe, sans toucher aux États-Unis ? » s’interroge l’un d’eux. « On ne sait pas répondre. »
(…) Un cadre d’Orano (acteur majeur du combustible nucléaire) y voit plutôt l’influence d’intérêts américains : « Les attaques de Greenpeace sont trop ciblées. Leur stratégie n’est pas cohérente avec le climat, avec la biodiversité… À ce stade, ils servent les intérêts du pétrole de schiste américain », croit-il. Un autre, à EDF, s’interroge encore sur le rôle joué par Gazprom, qui a officiellement financé les actions d’organisations proches de Greenpeace, comme le WWF ou le Bund allemand – qui soutiendront la construction du gazoduc Nord Stream 2, contre un don de 10 millions de dollars pour créer un fonds environnemental voué à la sauvegarde de la mer Baltique.

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Projections. Au fil des ans, les différentes études livrées clés en main par l’organisation, souvent relayées par des représentants d’intérêt du secteur des énergies renouvelables, vont alimenter le débat public, jusqu’à servir de base à l’élaboration de politiques publiques. La relecture rétrospective de certaines publications laisse rêveur… Ainsi cette production de Greenpeace Allemagne, « démontrant » en 2011 que « la sortie du nucléaire en 2015 est réaliste », grâce à la construction de « quatre nouvelles centrales à charbon » et d’un parc de nouvelles centrales au gaz, le tout sans importations et sans risque pour la sécurité d’approvisionnement.

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Le Point

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