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Le regard tourné vers les États-Unis, des enfants d’origine africaine et antillaise abordent ouvertement la question de la race, une forme de défi à l’universalisme français.

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L’historien Pap Ndiaye — qui mena des efforts pour créer des cursus de « Black studies » dans les universités françaises, suite à la publication en 2008 de son ouvrage « La condition noire » — avoue n’avoir pris conscience de son identité raciale qu’après avoir étudié aux États-Unis dans les années 90.

« C’est une experience que tous les Français noirs font quand ils vont aux États-Unis », dit M. Ndiaye, âgé de 54 ans et enseignant à Sciences Po. « C’est l’experience d’un pays où la couleur de peau est pensée et où elle n’est pas dissimulée derrière un discours de ‘color blind’. »

De père sénégalais et de mère française, M. Ndiaye est considéré métis en France, bien qu’il s’identifie comme un homme noir.

Sa vision du monde et de lui-même étaient un affront radical à l’État français. Enraciné dans les Lumières et la Révolution, l’universalisme français a toujours considéré chaque être humain comme jouissant de droits fondamentaux tels que l’égalité et la liberté. En accord avec le principe qu’aucun groupe ne peut bénéficier de privilèges, il est illégal de collecter des informations relatives à la race, que ce soit pour le recensement ou presque toute autre raison officielle.

Le traitement inégal des femmes en France et des non-blancs dans ses colonies allait cependant à l’encontre de cet idéal universaliste.

« L’universalité pouvait marcher assez facilement quand il n’y avait pas beaucoup d’immigrants, ou quand les immigrants étaient des catholiques blancs, » dit Gérard Araud, ancien ambassadeur de France aux États-Unis. « Mais face à l’islam d’un côté et aux Noirs africains de l’autre, le modèle atteint évidemment ses limites. Et donc le débat c’est, d’un côté cet universalisme qui est un bel ideal, mais de l’autre c’est comment en même temps se dire, oui, mais ça ne marche pas. »

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L’ambassade américaine à Paris s’est mise à tendre la main aux minorités ethniques et raciales françaises après les attaques du 11 septembre, dans le cadre d’une politique internationale pour « gagner les coeurs et les esprits ».

L’ambassade proposait des programmes éducatifs sur des sujets comme la discrimination positive — un concept tabou en France — et réussissait à atteindre pour la première fois un public de Français non-blancs, explique Randianina Peccoud, qui supervisa ces progammes à l’ambassade et qui a pris sa retraite l’année dernière.

Article intégralement disponible en français sur le site du New-York Times

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