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Épreuves carcérales : troubles psychiques et désordres sociaux par Didier Fassin

Quelle est l’importance de la maladie mentale dans les prisons? Comment comprendre pourquoi la France est le pays d’Europe où l’on se suicide le plus en prison? Didier Fassin analyse la longue histoire de la relation entre le traitement des troubles psychiques et le traitement des désordres sociaux.

Nous voici presque au terme des “excursions anthropologiques dans les mondes de la santé publique” que nous propose, sur huit cours, Didier Fassin, titulaire de la chaire annuelle de Santé publique au Collège de France. Il a choisi la paradigmatique épidémie de saturnisme infantile, en France et aux Etats-Unis, comme fil rouge de sa série, avant de proposer dans le dernier cours, “des lectures de la pandémie actuelle de covid

Médecin-anthropologue, Professeur de sciences sociales à l’Institute for Advanced Study de Princeton, aux Etats-Unis et directeur d’études à l’EHESS, il s’appuie sur une méthode ethnographique “fondée sur une présence de longue durée sur des terrains multiples“, étudiant l’expérience des malades du sida, des personnes détenues, des demandeurs d’asile, des étrangers en situation irrégulière… Didier Fassin “a également conduit des enquêtes sur la police, la justice et la prison, afin de mieux comprendre la manière dont on administre. et distribue le châtiment”

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De quelle façon l’enfermement, spécifiquement dévolu aux malades mentaux et aux auteurs de délits et de crimes, respectivement dans l’asile et dans la prison,  a-t-il évolué du XVIIIe siècle à nos jours, aux Etats-Unis, en France et en Europe? Pourquoi la confusion entre le malade mental et le délinquant réapparaît-elle? Pourquoi l’ordre l’emporte-t-il sur la santé? 

Le cours s’ouvre sur “le résultat probablement le plus inattendu des études épidémiologiques” avec “l’établissement d’un lien statistique présumé causal entre l’intoxication au plomb dans l’enfance et la commission d’actes délinquants et criminels à l’adolescence ou à l’âge adulte” (ce métal étant présent “dans les vieilles peintures, dans les canalisations d’eau ou dans l’air pollué par les gaz d’échappement”). Didier Fassin revient sur les différentes enquêtes et rappelle les critiques des explications sociobiologiques, avant de noter, cependant : 

“la concordance d’études utilisant des méthodes diverses, soit de suivi d’enfants jusqu’à l’âge adulte, soit d’analyse au niveau de territoires, voire de groupes, que renforce la démonstration à la fois anatomopathologique et épidémiologique de la toxicité du plomb sur le cerveau, font peser un lourd soupçon sur le rôle de ce métal dans la survenue non seulement de déficits cognitifs, mais aussi de troubles mentaux, voire de pratiques délictueuses”.

“Sans donc en sur-interpréter la signification, précise Didier Fassin, ces enquêtes ont l’intérêt de rappeler que les conditions matérielles, au sens de l’état du logement dans lequel on habite, de l’eau que l’on boit et de l’air que l’on respire, ont un impact important non seulement sur la santé physique des enfants, mais aussi sur leur santé mentale et, à travers elle, sur leur manière d’être au monde, laquelle, à son tour, influe sur leur devenir social”.

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L’article dans son intégralité sur France Culture

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