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La Maison-Blanche a sans succès tenté d’organiser des appels entre le président Biden et les dirigeants de facto de l’Arabie saoudite et des Émirats arabes unis, alors que les États-Unis cherchent à obtenir du soutien pour l’Ukraine, à contenir la flambée des prix du pétrole et à offrir une aide aux pays du golfe Persique confrontés aux attaques au Yémen de combattants soutenus par l’Iran, ont indiqué divers responsables du Moyen-Orient et des États-Unis.

Le prince héritier saoudien Mohammed bin Salman et le cheikh Mohammed bin Zayed al Nahyan des Émirats arabes unis ont tous deux décliné les demandes américaines de s’entretenir avec M. Biden au cours des dernières semaines, ont indiqué ces responsables, alors que les responsables saoudiens et émiratis sont devenus plus virulents ces dernières semaines dans leurs critiques de la politique américaine dans le Golfe.

“On s’attendait à un appel téléphonique, mais il n’a pas eu lieu”, a déclaré un responsable américain au sujet de la discussion prévue entre le prince saoudien Mohammed et M. Biden. “Cela faisait partie de l’ouverture du robinet [du pétrole saoudien]”.

M. Biden s’est effectivement entretenu avec le père du prince Mohammed, le roi Salman, âgé de 86 ans, le 9 février, et les deux hommes ont réaffirmé le partenariat de longue date entre leurs pays. Le ministère des Affaires étrangères des Émirats arabes unis a déclaré que l’appel entre M. Biden et le cheikh Mohammed serait reprogrammé.

Les Saoudiens ont fait savoir que leurs relations avec Washington s’étaient détériorées sous l’administration Biden et qu’ils souhaitaient davantage de soutien pour leur intervention dans la guerre civile au Yémen, de l’aide pour leur propre programme nucléaire civil alors que celui de l’Iran progresse, et une immunité juridique pour le prince Mohammed aux États-Unis, selon des responsables saoudiens. Le prince héritier fait face à de multiples poursuites judiciaires aux États-Unis, notamment pour le meurtre du journaliste Jamal Khashoggi en 2018.

Les Émiratis partagent les préoccupations saoudiennes concernant la réponse modérée des États-Unis aux récentes frappes de missiles des militants houthis soutenus par l’Iran au Yémen contre les Émirats arabes unis et l’Arabie saoudite, ont indiqué des responsables. Les deux gouvernements sont également préoccupés par la relance de l’accord sur le nucléaire iranien, qui ne répond pas à leurs autres préoccupations en matière de sécurité et qui est entré dans la phase finale des négociations ces dernières semaines.

La Maison Blanche s’est efforcée de rétablir les relations avec deux pays clés du Moyen-Orient dont elle a besoin de son côté alors que les prix du pétrole dépassent les 130 dollars le baril pour la première fois depuis près de 14 ans. L’Arabie saoudite et les Émirats arabes unis sont les deux seuls grands producteurs de pétrole qui peuvent pomper des millions de barils supplémentaires – une capacité qui, si elle est utilisée, pourrait contribuer à calmer le marché du brut à un moment où les prix de l’essence aux États-Unis sont à des niveaux élevés.

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Mais les Saoudiens et les Emiratis ont refusé de pomper davantage de pétrole, déclarant qu’ils s’en tenaient à un plan de production approuvé par leur groupe, l’Organisation des pays exportateurs de pétrole, et un groupe d’autres producteurs dirigé par la Russie. L’alliance énergétique avec la Russie, l’un des principaux producteurs de pétrole au monde, a renforcé le pouvoir de l’OPEP tout en rapprochant les Saoudiens et les Émiratis de Moscou.

Le prince Mohammed et le cheikh Mohammed ont tous deux reçu des appels téléphoniques du président russe Vladimir Poutine la semaine dernière, après avoir refusé de parler à M. Biden. Ils ont ensuite tous deux parlé avec le président ukrainien, et un responsable saoudien a déclaré que les États-Unis avaient demandé au prince Mohammed de jouer un rôle de médiateur dans le conflit, ce que le royaume est en train de faire, selon lui.

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Le fossé entre M. Biden et le prince héritier d’Arabie saoudite remonte à l’élection présidentielle de 2020, lorsque le candidat démocrate jura de traiter le royaume comme un État “paria” après qu’une équipe de tueurs saoudiens eut tué M. Khashoggi en 2018 à Istanbul.

Il y a “très peu de valeur sociale rédemptrice dans le gouvernement actuel en Arabie saoudite”, avait déclaré M. Biden lors d’un débat présidentiel en 2019.

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Lundi, la porte-parole de la Maison Blanche a déclaré que le président s’en tenait à son point de vue selon lequel l’Arabie saoudite devait être traitée comme un État “paria” et que ses dirigeants avaient peu d’incitation sociale à se racheter.

Dans un entretien avec le magazine Atlantic publié la semaine dernière, le prince Mohammed répondait à la question de savoir si M. Biden avait mal compris le dirigeant saoudien : “Je n’en ai tout simplement rien à faire”.

Le prince Mohammed a déclaré que se mettre à dos les dirigeants saoudiens ferait du tort au président américain. “C’est à lui de penser aux intérêts de l’Amérique”, a-t-il dit. “Qu’il essaye” [“Go for it]”

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Wall Street Journal

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