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Quand le métro de Lyon était pensé pour gentrifier la Guillotière

Antoine Lévêque a consacré sa thèse de science politique aux transports en commun dans la métropole de Lyon, plus précisément à Vaulx-en-Velin, et ce qu’ils nous disent en terme de redistribution des richesses dans les banlieues. Elle décrit notamment comment « le transport devient à partir des années 1980 une politique de peuplement ». Exemple à la Guillotière avec une station de métro dont les ingénieurs, au départ, ne voulaient pas.

(…)

Je me suis beaucoup intéressé à l’arrivée du métro à la Guillotière (en 1991) pour comprendre la politique plus globale du Sytral dans les quartiers populaires de l’agglomération. En 1981, un rapport est rédigé sur le projet d’une nouvelle station sur la ligne D. Une station à Saxe-Gambetta est nécessaire pour croiser la ligne B qui existait déjà. Or, la station Guillotière était beaucoup trop proche selon les ingénieurs. Il fallait creuser pour passer sous le Rhône, il y avait des contraintes…

L’agence d’urbanisme intervient alors à ce moment-là. Elle indique que le lieu de vie dans ce quartier-là est la place Gabriel-Péri et qu’il y aurait tout intérêt à faire une station là. Pour vendre ça aux élus, l’agence d’urbanisme réalise une cartographie de la part d’immigrés dans chaque immeuble de la Guillotière en reprennent un seuil symbolique de 15 %, au-delà duquel on comprend qu’il y en aurait trop, ce seuil étant directement issu des politiques coloniales (voir Fatiha Belmessous).»

« Un scénario indique que l’arrivée du métro à la Guillotière pourra avoir des effets sur l’éloignement des classes populaires et des immigrés »

L’arrivée d’une station de métro à la Guillotière était donc pensée comme un moyen de modifier la sociologie de la place Gabriel-Péri et du quartier ?

« L’agence d’urbanisme a proposé trois scénarios. Le troisième dit que la construction de la station de métro à Guillotière pourra peut-être alimenter une promotion immobilière avec des effets sur le changement de la population et l’éloignement des classes populaires et surtout des immigrés.

Pour bien comprendre le contexte, quatre ans auparavant, le préfet et certains responsables parlent de « colonisation » du centre de Lyon par les familles immigrées.

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