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Une bibliothécaire de la petite ville d’Eutin, en Allemagne, s’engage pour préserver les mots et l’esprit des bandes dessinées de l’univers Donald Duck, écrites il y a plus d’un demi-siècle. Elle a lancé une pétition à destination de la maison d’édition allemande Egmont Ehapa Verlag, pour la prier de ne pas dénaturer les traductions allemandes d’Erika Fuchs, traductrice historique des bandes dessinées. Et, d’après elle, ne pas sacrifier la qualité des textes au « politiquement correct ».

(…) Pour Susanne Luber, ces « bonnes vieilles » bandes dessinées se démarqueraient du paysage comique actuel, certes par leur style de dessin et leur structure narrative, mais également par leur texte de grande qualité. La source de cette exigence de style et de finesse, selon la bibliothécaire, est le grand dessinateur américain Carl Barks, décédé en 2000, créateur de l’univers de Donald Duck. Mais également sa traductrice historique en langue allemande, Erika Fuchs, elle-même décédée en 2005.

(…) Titulaire de la licence Disney Donald Duck, Egmont Ehapa Verlag réédite régulièrement de nouvelles éditions portées par le duo Barks-Fuchs, ces bandes dessinées s’étant imposées comme de grands classiques dans la sphère germanophone. « Et que se passe-t-il maintenant ? L’Egmont Ehapa Verlag estime devoir moderniser cette littérature classique de la bande dessinée dans le sens du politiquement correct actuel. Certaines des histoires de Carl Barks et les textes d’Erika Fuchs ne seraient plus à jour », explique-t-elle dans sa pétition.

(…) On peut par exemple citer le changement de Fridolin Freudenfett (Fridolin le grassouillet) à Fridolin Freundlich (Fridolin le sympathique), sachant que Fridolin est un cochon… Des termes, tels qu’« Indien », « nain », « autochtone » ou « visage pâle », ont également été supprimés. Côté religion aussi, aucun risque ne doit être pris : « Allah » est éliminé, et « Dieu » n’apparaît que dans des contextes bien éloignés des questions religieuses.

Luber cite un autre exemple dans sa pétition, montrant qu’elle a bien étudié la question : une remarque de Dagobert Duck à propos de la séduisante sorcière Gundel Gaukeley, qui vient de l’arnaquer avec malice : « Eh bien je vous le dis, les femmes ont un cerveau trop petit ! » Une assertion misogyne qui ne passerait plus aujourd’hui. Mais pour la bibliothécaire, ici, la subtilité est sacrifiée au profit d’une susceptibilité facile.

Si elle ne nie pas le caractère misogyne de cette réplique, elle ajoute : « La traductrice, Erika Fuchs, met ironiquement en évidence un point de vue masculin limité, ce que même les enfants comprendront, mais semble échapper à la compréhension des expurgateurs de textes. » « Egmont Ehapa Verlag applique les ciseaux de la censure sans aucune compréhension de la comédie, de l’ironie et des doubles sens », assène-t-elle encore.

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Merci à Tara King

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