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« Depuis le temps que c’est fermé, il fallait bien en faire quelque chose. Mais quand même… J’espère que ça n’attirera pas de problèmes de sécurité », raisonne avec prudence une habitante du 69, rue Saint-Fargeau à Paris (XXe). « Un accueil ? Quel accueil ? Ce n’est absolument pas ce qu’on nous a dit, et d’abord il faudrait l’accord de la copropriété ! » fulmine en revanche une autre copropriétaire de cette résidence arborée, en apprenant l’ouverture, en septembre 2022 après travaux, d’un accueil de jour de l’Armée du salut.

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Rue Saint-Fargeau (XXe), mardi. Samuel Coppens, porte-parole de la Fondation Armée du salut, et Marie Giudicelli, directrice du site de Saint-Fargeau


« Nous pourrons proposer des choses que nous n’avions pas l’espace de faire, se réjouit Marie Giudicelli, et surtout nous créons deux salles de repos bien séparées, l’une pour les femmes, avec douches, sanitaires et espace hygiène, et une autre pour les hommes, qui restent très très largement majoritaires. Nous recevons 95 % d’hommes, souvent sans-papiers, et de plus en plus jeunes. »

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Une réunion d’apaisement contre les amalgames

Pour autant, le pari humaniste de l’Armée du salut semble loin d’être gagné. La présentation rassurante et l’aura historique de bonne réputation de l’association, créée il y a près de 150 ans, ne suffisent pas à emporter l’accord des voisins les plus proches : les 99 copropriétaires de l’ensemble immobilier. « On nous a réunis en urgence en septembre en évoquant des locaux purement administratifs, s’agace l’une de ces résidents. La question d’un accueil n’a jamais été posée, d’ailleurs il faudrait une assemblée générale extraordinaire et croyez-moi, cette chose ne se fera pas ! Je n’ai rien contre l’Armée du salut, mais il est hors de question qu’on nous impose un endroit qui amènera des gens qui boivent, de la drogue. Notre résidence a de l’allure, elle est bien cotée, on se saigne pour avoir un bien agréable, ce jardin… Vous imaginez ce que cela va devenir ? Nous n’en voulons pas. »

Face à cet avis de rébellion, l’Armée du salut et ses partenaires espèrent convaincre par « la transparence ». « Nous ne pouvons empêcher les gens de faire des amalgames, regrette Samuel Coppens, donc nous craignons forcément une hostilité des riverains. Mais ils doivent savoir qu’il n’est absolument pas question de salle de consommation de crack, comme nous l’avons entendu ! Notre volonté est d’être le plus clairs possible. Nous avons cette volonté farouche que l’accueil de jour soit un lieu de dignité et de service rendu, à la hauteur de la réputation de l’Armée du salut. » Une réunion d’information-concertation doit avoir lieu avant la fin du mois avec les habitants.

Le Parisien

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