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Après le facteur, on demande le cheminot ! Dans le grand jeu des sept familles de l’extrême gauche, est apparu un nouveau personnage : Anasse Kazib, 34 ans, aiguilleur, syndicaliste (Sud-Rail), père de deux enfants, gagnant 1 700 euros par mois et… candidat annoncé à la présidentielle, revendiquant déjà 150 parrainages. Anasse Kazib, «marxiste aux accents intersectionnels», affirme faire souffler un « vent de fraîcheur » sur une extrême gauche un peu poussiéreuse, mais, en dépit sa jeunesse, son discours fleure bon le marxisme des années 1960 : refus des étiquettes politiques, vocabulaire au classicisme suranné – « lutte des classes », « impérialisme », « oppressions »… En froid avec ses anciens amis du Nouveau Parti anticapitaliste (NPA), le candidat se lance avec l’étiquette Révolution permanente, nom d’une scission politique, dont l’extrême gauche française a le secret..

Seule vraie nouveauté, l’usage intensif des réseaux sociaux et l’intégration des marqueurs d’une pensée clairement intersectionnelle et décoloniale (tout en prétendant ne pas voir de quoi il s’agit, sacrés trotskistes…).

Philippe Poutou, Nathalie Arthaud et maintenant vous, Anasse Kazib… Trois candidats marxistes à la présidentielle, ça ne fait pas un peu trop ?

Il n’y en a jamais trop… On se respecte mutuellement et nous avons de nombreux points de convergence. Simplement, j’essaie d’apporter un vent de fraîcheur. Ceux que vous venez de citer en sont à leur troisième candidature à la présidentielle… […] Il y a une radicalité qui a émergé ces dernières années sans que l’extrême gauche parvienne à la canaliser, je pense, par exemple, au mouvement des Gilets jaunes. Avec le comité Adama et le collectif Intergares issu de la grève de 2018 contre la réforme du ferroviaire, il nous semblait évident qu’il fallait en être… Il faut arrêter de se pincer le nez lorsque surgissent des mouvements spontanés. Moi, ça ne m’a jamais dérangé, bien au contraire que le Gilet jaune vienne avec un drapeau bleu blanc rouge et chante La Marseillaise, car ces gens l’ont chanté avec un imaginaire révolutionnaire, en criant « révolution » avenue des Champs-Élysées. […]

Vous affirmez que la candidature d’un ouvrier issu de l’immigration serait subversive. Pourquoi ?

Elle est subversive parce qu’on ne veut pas d’un ouvrier issu de l’immigration post-coloniale… Dans ce pays, il y en a beaucoup qui ne supportent pas le fait qu’un ouvrier puisse se présenter, alors un ouvrier issu de l’immigration, c’est encore pire. C’est dans ce sens-là que je considère que ma candidature est subversive. Face à une montée des idées réactionnaires dans le pays avec un Zemmour annoncé à 17 %, avoir un candidat avec un prénom maghrébin à la présidentielle, qui vient batailler contre ces idéologies c’est aujourd’hui subversif. On a franchi les 150 parrainages dans un contexte de menaces et d’insultes assez incroyable ! Il y a une vraie tétanie de la part d’un large secteur raciste, xénophobe. […]

Comment expliquez-vous le surgissement de Zemmour dans le paysage politique français ?

Un article du Financial Times au moment de la crise sanitaire expliquait, en résumé, que, dans ces périodes-là, c’est soit Hitler, soit Lénine. Les périodes de crises profondes amènent toujours à une forme de radicalité. Pour ce qui est de Zemmour, il faut voir par qui il est soutenu. Les classes populaires ne le suivent pas, ceux qui sont prêts à voter pour lui sont des bourgeois qui se radicalisent et qui n’ont strictement rien à faire de ce qu’il raconte sur Pétain ou la Seconde Guerre mondiale. La seule question qui les obsède est ce qu’il dit autour de la question de l’immigration ou de la question de l’islam. Ces gens se fichent de son programme économique, social, ou sanitaire. Il prospère sur un terreau qui a commencé à germer avec Macron, avec Le Pen ou avec une partie de l’ex-gauche…

Vous pensez à qui dans ce que vous appelez « l’ex-gauche » ?

Je suis bien obligé de citer Arnaud Montebourg… Lui qui ramenait des croissants aux Florange, le voici en train de piocher dans le programme d’Éric Zemmour et de Marine Le Pen ! Il y a aussi toute une ancienne gauche, plutôt vallsiste, autour du Printemps républicain, qui servent ces thèses… […]

Le Point

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