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Pauline Grosjean : Professeure d’économie à l’université de Nouvelle-Galles du Sud, à Sydney (Australie)

« La seule bonne parade serait d’augmenter la migration légale. Une solution moins risquée pour les migrants… »

Trois économistes ont montré que, paradoxalement, le sauvetage des naufragés en Méditerranée incite les réfugiés à prendre plus de risques, rapporte Pauline Grosjean dans sa chronique.

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Chronique. Entre la prise de Kaboul par les talibans, le 15 août, et le retrait de l’armée américaine et de ses alliés quinze jours plus tard, des dizaines, voire des centaines de milliers de personnes ont réussi à fuir l’Afghanistan en s’entassant dans des vols d’évacuation après une lutte acharnée aux portes de l’aéroport. Désormais, ce moyen de fuite est fermé. Pour les autres candidats à l’exode parmi les quelque 2,2 millions d’Afghans ayant déjà fui dans les pays voisins, les 3,5 millions de déplacés internes et les 14 millions menacés par la famine, il ne reste que l’espoir, minime, d’obtenir un statut de réfugié, ou de prendre la voie terrestre, avec, au bout, pour ceux qui rêvent d’Europe, la traversée de la Méditerranée.

La Méditerranée est aujourd’hui la voie maritime la plus dangereuse du monde. La barre de 20 000 migrants morts en Méditerranée a été franchie en 2020, selon les chiffres des Nations unies. Au premier semestre 2021, le nombre de morts avait doublé par rapport à la même période de l’année précédente, selon l’Organisation internationale pour les migrations (OIM). Alors même que les efforts européens de secours, sous l’influence des opinions publiques à juste titre outragées et de la pression médiatique, n’ont cessé de s’intensifier pour empêcher les naufrages.

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C’est la thèse avancée par les trois économistes Claudio Deiana, Vikram Maheshri et Giovanni Mastrobuoni (« Migrants at Sea : Unintended Consequences of Search and Rescue Operations », CEPR Discussion Papers, n° 16173, 2021). Les auteurs développent un modèle théorique qui prédit que si les opérations de sauvetage diminuent le risque de naufrage (une hypothèse raisonnable) plus de migrants tenteront la traversée, même dans des conditions météorologiques moins favorables, et dans des bateaux moins solides (pour lesquels le prix de la traversée sera moins élevé). L’impact sur le risque effectif de naufrage est donc théoriquement ambigu : d’une part les opérations de sauvetage le réduisent, mais, de l’autre, plus de migrants partent dans des conditions métrologiques moins favorables et sur des bateaux plus vétustes.

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L’article dans son intégralité sur Le Monde

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