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05/11/2021

 

04/11/2021

GRAND ENTRETIEN – Ce premier volume d’une Histoire intime de la Ve République insiste sur le génie du Général sans en occulter les zones d’ombre. Passionnant.

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Il dit quand même à l’un de ses généraux qui le rapporte: «Voyons, Charlse, ces gens-là ne sont pas comme nous.»

En réalité, il est un adepte, bien avant l’heure ou la lettre, de Samuel Huntington et de son Choc des civilisations, paru en 1996. Il pense qu’il y a des «civilisations» et qu’elles ne sont pas toutes compatibles entre elles. Il est le contraire d’un cosmopolite et d’un «multiculturaliste» contemporain. «Ces peuples, répète-t-il, n’ont rien à voir avec les nôtres.» Il dit à Peyrefitte: «Vous voyez un président arabe à l’Élysée?» En outre, influencé par Malraux, qui prophétise dès 1956 une «poussée islamiste», il se méfie, pour ne pas dire plus, de l’islam qui, selon lui, risque de nous tirer vers le bas.

Aujourd’hui, pour préserver l’image consensuelle de De Gaulle, certains historiens remettent en question les mots que Peyrefitte prête à de Gaulle à propos de«Colombey-les-deux-Mosquées». Ils laissent entendre que ce serait une invention.

Le témoignage de Peyrefitte est imparable et m’a été confirmé par de nombreux autres acteurs, comme Messmer à l’époque. Dans son livre, on entend, disaient-ils, la «voix» du Général. Au fond, de Gaulle trouve ridicule ce «faux universalisme» républicain qui, selon lui, confine à la bêtise. Il pense qu’avoir enseigné aux Arabes «nos ancêtres les Gaulois», ce n’était pas très «malin». C’est pourquoi, estime-t-il, notre décolonisation est tellement plus difficile que pour les Anglais. Nous payons les niaiseries lancées en 1789. Au fond, ce sont les types de l’OAS comme Salan ou Jouhaud qui sont les héritiers de l’idéologie universaliste, alors que de Gaulle est plus proche du pragmatisme britannique d’un Burke: il y a des différences de culture. Pour lui, l’intégration des Arabes est un «attrape-couillon». «On n’intègre pas les peuples avec leur passé, leurs traditions, leurs souvenirs communs de batailles gagnées ou perdues, leurs héros.» Nier ces différences nous a conduits dans une impasse. Encore aujourd’hui, on ne peut évoquer le débat civilisationnel sans passer pour «raciste». Cela nous empêche d’avancer.

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Vous écrivez qu’avec la pression démographique actuelle, «c’est le cauchemar du Général qui est en train de se réaliser»?

De Gaulle s’est menti à lui-même. Après les accords d’Evian, pour faciliter le retour des pieds-noirs, en métropole, cet homme qui croit aux différences des civilisations a laissé les Algériens entrer en France sans limite ou presque.

De Gaulle croyait aux différences entre civilisations

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