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Les choses pourraient bien changer avec les nouveaux éléments versés au dossier d’instruction, que Valeurs actuelles a pu consulter. Parmi eux, le témoignage d’un second témoin de l’arrestation d’Adama Traoré, dont l’identité demeurait jusqu’ici inconnue, et qui a pu être dévoilée grâce à des analyses ADN. Ce dernier, que nous appellerons Yassine R., est intervenu lors de la première tentative d’interpellation d’Adama Traoré par un gendarme dans le parc de la mairie de Beaumont-sur-Oise, après une course-poursuite. Yassine R., qui connaît Adama depuis l’enfance, cherche alors à s’interposer entre celui-ci et le gendarme, sans savoir, explique-t-il au cours de son audition, qu’il a affaire à une interpellation, puisqu’il ne voit pas le brassard de l’agent et que ce dernier a la peau noire, comme Adama. « Pour moi, les deux personnes se confondaient », déclare-t-il.

Interrogé par les enquêteurs sur l’état physique d’Adama, lors de cette “bagarre”, il se souvient que les deux hommes étaient « essoufflés », mais que « le gendarme était bien moins essoufflé qu’Adama ». Dans le feu de l’action, accaparé par Yassine R., le gendarme échoue à retenir Adama, qui s’enfuit une nouvelle fois mais d’une surprenante manière, puisque, selon ce témoin, il « est parti en marchant », ce qui prouverait que son état physique ne lui permettait pas de courir. Hypothèse que semble valider ce témoin auditionné : « Pour moi, c’est comme si son corps ne réagissait pas, Adama semblait être absent et essoufflé. » Et d’ajouter : « Il était dans un état qui n’était pas habituel, il ne parlait pas. » Proche de la famille Traoré, qui lui avait conseillé de témoigner – et donc peu susceptible d’être à la solde des gendarmes -, il raconte encore : « Habituellement, quand Adama faisait du sport [du football, NDLR] avec moi, il était essoufflé comme moi, il continuait à me parler, mais là ce n’était pas le cas. »

Mais les enquêteurs ont également recueilli un autre témoignage intéressant : celui d’une conseillère de l’agence Pôle emploi de Persan, qui s’est occupée d’Adama Traoré entre 2012 et 2014. Celle-ci se souvient très bien du cas du jeune homme, alors en insertion sur des chantiers de déménagement, via l’association NOE. Pourquoi ? Parce qu’elle fut informée de difficultés rencontrées par Adama dans ses tâches de déménageur, à cause de son état physique. « Il n’arrivait plus à descendre et à monter les escaliers avec les meubles », relate-t-elle au cours de son audition, avant de préciser : « Ça m’avait marquée, car il y avait un décalage entre son physique et cette donnée d’essoufflement. » Elle explique qu’en conséquence, Adama avait été orienté vers des chantiers de paysagisme, une tâche « plus cool », c’est-à-dire davantage adaptée à son état de santé. Elle affirme d’ailleurs l’avoir vu à l’œuvre sur un de ces chantiers de paysagisme, confirmant ainsi cette reconversion.

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