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« Une tendance existe depuis un peu plus d’une dizaine d’années, nous explique Jean Lapeyre, directeur juridique de la FFF. Le profil des agents de joueurs qui passent les épreuves du concours a évolué. (…) On a eu une génération venue de banlieue au contact du vivier des quartiers et qui a voulu se lancer. »

Mais comment les intermédiaires venus des quartiers ont-ils pu s’implanter sur un marché aussi concurrentiel ? L’un d’eux, en vogue et basé dans le Val-de-Marne, détaille. « Les agents issus des quartiers parlent le même langage que les joueurs, ils viennent du même univers. Dès que l’on annonce l’endroit où l’on a grandi, ça leur parle. C’est comme un signe de reconnaissance qui sera peut-être moins évident à obtenir par un Blanc d’une cinquantaine d’années. Mais c’est dans les deux sens. Un intermédiaire français d’origine africaine et issu de banlieue va lui aussi davantage galérer pour obtenir une crédibilité auprès des dirigeants de clubs qui voient d’abord en nous un petit « agent mangeur de KFC » ou « agent chicha » comme disent certains. » (…)

Pour établir le dialogue sur les questions contractuelles, aucune tergiversation chez cette nouvelle génération, comme nous le confirme notre responsable du recrutement à la formation d’un club de Ligue 1. Pas de tabou sur l’argent : « Sur ce plan, ils sont davantage décomplexés et c’est très bien (…) sans doute le côté américain de la culture urbaine dans laquelle ils baignent. Ils y vont cash ». (…)

La tendance a pris de l’ampleur car facilitée par une loi de 2011 permettant aux avocats mandataires sportifs d’être agent. “La baguette magique pour permettre à tout le monde de se mettre dans un business, avec l’avocat mandataire sportif en prête-nom” (…) Ces «faux agents» tentent le coup car le risque est faible et le gain potentiel important. « Il n’est pas rare de voir un jeune débarquer avec plusieurs “conseillers sportifs”, le terme usité par les agents non licenciés. Il s’agit souvent de mecs des cités qui tiennent le joueur soit dans un rapport de confiance car ils le connaissent depuis petit, soit par la menace », une dimension qui peut flirter avec la violence, l’activité fourmillant de règlements de compte entre intermédiaires. « Aujourd’hui, si tu veux être agent, vaut mieux avoir des “protections” et que ça se sache », constate Bruno Satin (NDR : un des plus importants agents sportifs de France).

France Football

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