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Un juré de cour d’assises encourt un an de prison pour avoir divulgué le verdict d’un procès à Bobigny en 2019, avant même qu’il soit rendu. Il sera jugé en juin avec deux proches d’un accusé, qui avait été acquitté. Retour sur une enquête qui a secoué l’institution judiciaire.

C’était un coup de tonnerre dans le ciel judiciaire. Le verdict avait fuité. La cour d’assises n’a pas encore rendu officiellement sa décision que ce message s’était répandu comme une traînée de poudre. Des avocats restaient sans voix. Ils ne le savaient pas encore, mais l’un des jurés l’a communiqué via Snapchat. Même les plus anciens, trente ans de robe, n’avaient jamais rien vécu de tel. Pendant deux semaines, on y avait jugé sept hommes et une femme pour des tortures et actes de barbarie.

Si le verdict avait transpiré, c’est bien qu’il y avait un contact entre la cour et l’extérieur, malgré le secret imposé par la loi. Avait-on forcé les jurés à voter tous ces acquittements ? Les trafiquants étaient-ils si puissants qu’ils pouvaient mettre la justice au pas ?

(…) Les jours suivants, il était question de quelques accusés, « Afo » et « le docteur », contre lesquels des peines de 8 à 18 ans avaient été requises. « Des peines de malade », « ça va être chaud », commentaient encore les écoutes, avec mention d’un «petit juré, un mec du 13». «On l’a chopé moi et Butch» semblait se vanter celui que la justice a identifié comme étant Razmo. Le lendemain, « Afo » et « le docteur » étaient acquittés.

Razmo et Butch : le duo qui a approché le juré. L’un est garagiste, l’autre sans profession, tous deux habitués des box judiciaires. Ces trentenaires connaissent Afo depuis l’adolescence. Et c’est en se rendant au procès que Butch aurait reconnu Djo, « le petit du 13 », parmi les jurés. Il le connaissait de la mosquée. Le 13, c’est en référence à la rue d’un point de deal, rue où vivait ce juré aussi.

Le Parisien

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