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Dans les quatre grands pays d’Europe sondés par le CEVIPOF [Centre de recherches politiques de Sciences Po] pour son Baromètre de la confiance politique en février (France, Allemagne, Italie et Royaume-Uni), 27% des citoyens seulement se classent à gauche ou à l’extrême gauche. Soyons précis : 24% en France – niveau le plus bas -, 26% en Allemagne, 25% au Royaume Uni et 31% en Italie, petite oasis dans cette grande désolation. Analyse du médiologue Philippe Guibert.

[…] Quant à la France, la gauche y arbitrera sans doute le deuxième tour de la présidentielle l’an prochain, entre Marine Le Pen et un candidat du centre ou de la droite. Dans la douleur assurément… Mais avec un quart des électeurs, concentrés chez les « CSP + » et dans les métropoles, (d’où un résultat flatteur aux municipales), peut-on espérer autre chose ? […]

Ce sont au fond les identités personnelles et collectives structurantes qui sont ici conçues comme oppressives, au lieu de reconnaître leur caractère constitutif de l’humanité et de les faire évoluer dans un sens plus égalitaire : la nation est forcément xénophobe, le genre un enfermement, et la race, un stigmate tellement renversé qu’on réhabilite le terme qu’on voulait déconstruire. Et ce dans une critique déstabilisante de ce qui dépend le moins de chaque personne – pays d’origine, langue maternelle, couleur de peau, sexe.

Ainsi le migrant transgenre pourrait-il bien être le nouveau prolétaire de cette internationale d’une humanité dégenrée : l’essentiel est que l’individu n’ait point d’attaches et qu’il subvertisse toutes les appartenances à partir duquel il peut construire sa propre identité, quitte à en jouer. Rien que de très logique à ce que ce discours un peu obsessionnel ne résiste guère, voire encourage, les réactions identitaires les plus figées dans un âge d’or fantasmé. […]

Écologie électorale et gauchisme culturel achèvent ainsi de réduire la gauche à un ghetto politique, sociologique et idéologique : la minorité qui défend les minorités contre une majorité grandissante, et qui dénonce l’extrême droite à la première critique. Les droites, dont l’extrême justement, ne pouvaient rêver mieux et le grand capital dort tranquille depuis longtemps. […]

Marianne

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