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Hébergement d’urgence : quand les femmes précaires dénoncent la « maltraitance institutionnelle »

Ce sont des voix rarement entendues : celles des femmes évoluant dans les méandres des centres d’hébergement d’urgence. Des résidentes du Palais de la Femme, géré par l’Armée du Salut à Paris, dénoncent depuis des années leurs conditions de vie….

À partir de 2017, des hommes sont introduits dans la résidence sociale. En 2019, on en comptait 15 %, selon la direction. La dénonciation de leur présence devient un leitmotiv du collectif. L’introduction de la mixité a commencé en 2012, lorsqu’une maison-relais accueillant des hommes s’est installée au cinquième étage. En 2015, la création d’un nouveau centre d’hébergement d’urgence a aussi entraîné l’arrivée d’hommes, des exilés, pour trois ans. Mais ces espaces restaient, jusqu’ici, relativement à l’écart de ceux réservés aux femmes seules.

La plupart des femmes accueillies au Palais ont un parcours de vie émaillé de violences conjugales, sexistes ou sexuelles. Plusieurs d’entre elles décrivent une vie commune chamboulée quand la structure a renforcé la mixité. « On a déserté les espaces communs. On a commencé à raser les murs, on ne se croisait plus, on ne pouvait plus veiller les unes sur les autres », relate Oriane. Début 2020, une femme de la résidence sociale dépose plainte pour viol contre deux corésidents. L’enquête est toujours en cours. Les deux hommes ont été exclus, confirme la direction.

Les témoignages recueillis font état, bien avant 2020, des risques liés à la mixité. Quelques mois après l’installation de la maison-relais, dès les premières arrivées d’hommes, Anita* raconte le harcèlement qu’elle aurait subi d’un résident : « Lorsque je passais dans les couloirs, il se ruait vers moi, il m’a fallu le calmer à plusieurs reprises. » Un matin, vers 8 h, l’homme lui a, dit-elle, « foncé dessus en disant : “Ouh, tu vas me faire un gros bisou, viens !” J’ai hurlé, je l’ai repoussé », se souvient-elle. À l’arrivée des salariées, elle raconte tout. « Je pleurais, je tremblais. Il était connu pour être un emmerdeur. Je me suis dit : mais qu’est-ce qu’il vient faire ici, au Palais de la Femme ? » Malgré son signalement, Anita dit qu’aucun responsable n’est revenu vers elle. De son côté, la direction affirme que le responsable de la maison-relais et la cheffe de service de l’époque nient avoir reçu un tel témoignage.

« Un mec qui à chaque fois qu’il me croisait, me disait “j’ai 50 euros, viens me faire quelque chose »

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Bastamag

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