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Nahema Hanafi, historienne à l’université d’Angers, publie un ouvrage, L’Arnaque à la nigériane. Spams, rapports postcoloniaux et banditisme social, « dans lequel elle met en lumière le système qui se cache derrière les courriels frauduleux envoyés par de jeunes Africains francophones. L’analyse littéraire des messages est couplée avec une approche sociologique relative au profil des arnaqueurs et leur revendication ». Le sujet concerne chacun, comme ne manque pas de le rappeler l’auteur dans la promotion de son ouvrage : nous avons tous reçu ces messages de brouteurs, c’est-à-dire d’escrocs en ligne qui promettent des héritages, des bonnes affaires ou des rencontres amoureuses.

Empouvoirement

Nahema Hanafi résume ainsi son propos sur le site The Conversation : « L’arnaque à la nigériane métamorphose en effet la relation avec l’ancien colon ; elle est fondamentalement une expérience d’émancipation et d’empouvoirement, car les cyberescrocs réutilisent à leurs fins les rhétoriques occidentales (coloniales et humanitaires) pour résister à l’assujettissement et aux rapports d’inégalités que présupposent les reconfigurations de l’idéologie coloniale. Ils retournent ainsi à leur profit les logiques compassionnelles leur assignant un statut d’individus fragiles qu’il convient d’aider. »

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Éloge d’un système criminel

L’auteur fait en connaissance de cause l’éloge d’un système criminel qui déscolarise de très nombreux jeunes, et qui recrute particulièrement chez les étudiants, placés sous l’empire de réseaux qui les arrachent à l’université. La voie des études semble n’être qu’une survivance « coloniale », moins adaptée aux jeunes Africains que « les autres possibles » qu’« inventent » les escrocs… Ceux qui connaissent les combats des enseignants africains pour l’accès aux études du plus grand nombre trouveront tout à fait déplacé cet enthousiasme pour le rejet des études.

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Le Point

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