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Les études supérieures ne sont pas considérées comme la seule voie à suivre pour « réussir sa vie », analyse Benoît Coquard, chercheur en sociologie. Il démontre qu’il existe dans ces territoires d’autres logiques de valorisation sociale…

Dans ces territoires, il existe d’autres modèles d’accomplissement : entrer très tôt dans la vie adulte, être propriétaire d’une maison, d’une voiture, avoir une vie de famille stable. Il y a un attachement à un style de vie qui prévaut ici et qui serait déprécié au contact des groupes sociaux plus diplômés des grandes villes. Donc, certes, dans ces zones rurales régulièrement dépréciées l’emploi recule, l’Etat se désengage et le nombre de diplômés est plus faible, mais tout cela fait que les ouvriers, les employés, les artisans ou les agriculteurs peuvent se justifier de vivre comme ils l’entendent.

Mais ces jeunes ont-ils vraiment le choix ? Quels sont les obstacles qu’ils rencontrent lorsqu’ils veulent suivre des études supérieures ?

Avant toute chose, il faut savoir que les jeunes ruraux n’obtiennent pas des résultats scolaires moindres, à niveau social égal. Choisir de faire des études supérieures, c’est d’abord, d’un point de vue économique, s’offrir le luxe de retarder son entrée sur le marché du travail et retarder son indépendance économique. Certains jeunes parents disent : « Ce serait mieux que mon fils ait le bac et qu’il soit bon à l’école. » Mais si ces études, très abstraites, impliquent de l’aider financièrement et de l’envoyer vivre ailleurs, alors ils s’y opposent.

On peut émettre l’hypothèse que l’opacité de Parcoursup va encore plus impacter le champ des possibles de ces jeunes ruraux qui peinaient déjà à s’orienter vers des études longues, de plus en plus sélectives. Il est évident que, à mesure que l’on sélectionne à un âge de plus en plus jeune, on renforce les inégalités fondées sur les origines sociales et on favorise le phénomène d’auto-élimination de parcours….

Le Monde, merci à Cata

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