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La chercheuse Myriam Benraad décrypte le rôle primordial d’Internet et des réseaux sociaux dans la radicalisation et le passage à l’acte des djihadistes qui ont frappé la France en 2020. Elle relève les difficultés rencontrées par les services de renseignement pour déceler ces profils dangereux et le peu de zèle des Gafam pour combattre la haine en ligne et le cyberharcèlement.

La France a récemment encore été frappée par plusieurs attentats, qu’en retenez-vous ?

On assiste à des attentats de plus en plus imprévisibles. Bien sûr, l’affaire Samuel Paty commence par une longue campagne de cyberharcèlement qui aurait dû alerter et faire réagir longtemps avant le drame final. Mais personne ne s’attendait à ce que ce jeune Tchétchène passe à l’acte. […]

Comment réagir ?

À mon sens, la mort tragique de Samuel Paty rend inéluctable la régulation des réseaux sociaux et d’Internet plus largement. Le parent d‘élève du collège de Conflans-Sainte-Honorine est un cybercriminel. […]

Pourquoi les services de renseignement peinent-ils à anticiper ces actes terroristes « low cost » ?

L’imprévisibilité de ces nouvelles formes de radicalisation et d’action terroristes est éminemment liée à Internet. Tout n’est pas entièrement et définitivement sous le contrôle des agences de renseignement. Les services possèdent des fiches sur certains militants, ils captent des échanges, établissent des liens entre des individus, remontent des réseaux. Mais disons-le : Internet est aujourd’hui hors contrôle. On a sous-estimé sa puissance destructrice, son potentiel de propagation d’une violence virale. […] Vous pouvez lire des milliers de messages qui expliquent que les caricatures de Mahomet sont une « insulte », qu’il faut « punir les mécréants ». On est en droit de se demander si l’Internet interactif, « 2.0 » est une bonne chose ou un idéal déchu. […]

Marianne

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