Fdesouche

Il aura fallu deux ans pour qu’officiellement un anonyme, tombé au combat pendant la Première Guerre mondiale, symbolise tous ses camarades défunts anonymes. Comme l’explique Jean-François Dubos, conservateur au Service historique de la Défense, à la fin de l’année 1916, après la bataille de Verdun, un représentant de l’association du Souvenir français prévoit d’honorer l’ensemble des morts en désignant l’un d’entre eux, anonyme, qui serait inhumé dans un lieu emblématique.

La loi est finalement adoptée le 8 novembre 1920. Dès le lendemain, le jeune soldat de deuxième classe Auguste Thin, 21 ans, survivant de la bataille de Champagne, se retrouve dans la citadelle de Verdun. Devant lui, huit cercueils, tous identiques, de camarades tombés sur les grands fronts de Verdun, de la Marne, de l’Artois ou encore de la Picardie. 1,4 million de soldats français sont morts au combat entre 1914 et 1918, parmi lesquels des dizaines de milliers ne seront jamais identifiés.

Comment faire le bon choix ? Tout a été prévu pour que rien n’indique d’où viennent les soldats. Auguste Thin, qui a été muté au 132e Régiment d’infanterie, doit déposer un bouquet de bleuets sur l’un des cercueils. Il décide alors d’additionner les chiffres qui composent son régiment. Six. Le jeune soldat désigne alors le sixième cercueil. La dépouille du Soldat inconnu part de Verdun dans la nuit pour Paris.

“Le parcours du Soldat inconnu jusqu’à l’Arc de Triomphe est symbolique”, souligne Jean-François Dubos. Le cercueil va d’abord stationner pour une veillée mortuaire place Denfert-Rochereau, dans le XIVe arrondissement parisien. Un rappel de la guerre de 1870, précise le conservateur. Le Lion de Belfort d’Auguste Bartholdi symbolise en effet la bravoure des défenseurs de Belfort commandés par le colonel Denfert-Rochereau lors du siège de la ville.

Puis, le 11 novembre, dans un même cortège, le Soldat inconnu et le cœur de Léon Gambetta entrent au Panthéon. “Symboliquement, poursuit le conservateur, avec ce passage, ce sont les Grands Hommes qui ont rendu un hommage muet à cet anonyme qui est passé parmi eux.” Mais “il faut savoir, précise Jean-François Dubos, qu’au moment du choix du Soldat inconnu, s’est posée la question du lieu de son inhumation. Certains étaient partisans d’une inhumation au Panthéon avec les grands hommes de la République ; d’autres estimaient que le lieu était trop politique et le Soldat inconnu avait sa place dans un autre lieu plus militaireC’est l’Arc de Triomphe qui a été choisi.”

[…]

France Inter

Fdesouche sur les réseaux sociaux