Cent dix ans après le début de la Première Guerre mondiale, des centaines de milliers de sépultures de combattants tombent aujourd’hui en ruine. L’association Le Souvenir français s’échine à entretenir ces reliquats du conflit, délaissés par les familles et les communes.
Un petit groupe de touristes se presse dans le cimetière communal. d’ Auvers-sur-Oise, pour admirer la sépulture de Vincent Van Gogh célèbre impressionniste néerlandais qui a élu cette ville comme dernière demeure. Quelques tombes plus loin, un fouillis d’herbes folles finit de noyer sous ses feuilles une croix de fer rouillée qui vacille à chaque rafale. On distingue à peine la pierre tombale qui la soutient, tant elle est rongée par la mousse. Sur le soubassement, un écusson d’émail aux couleurs passées du drapeau français ne tient plus qu’à une vis.
Son occupant, au patronyme illisible, a pourtant également contribué à forger l’histoire d’Auvers-sur-Oise. « Tombé au champ d’honneur en 1916. Mort pour la France », déchiffre-t-on péniblement sur la stèle en passant la main dans les rainures des lettres, presque à l’aveuglette. Ce délabrement est commun à des centaines de milliers de tombes de la Grande Guerre qui portent sur leur stèle cette prestigieuse épitaphe.
La mention « Mort pour la France » confère à ceux qui sont tombés pour le pays différents droits, notamment celui à une sépulture perpétuelle, entretenue aux frais de l’État. Pourtant, laissées à la gestion des communes qui en négligent l’entretien ou au soin des familles aujourd’hui disparues, ces sépultures, reliquats des atrocités d’une guerre de tranchées, risquent de disparaître. […]
« C’est simple, les concessions funéraires ne durent que si la tombe est entretenue , clarifie d’emblée Serge Barcellini, président du Souvenir français. Mais en cent ans, avec la Seconde Guerre mondiale qui a charrié son propre lot de morts pour la France et les autres conflits, plus l’exode rural, je vous laisse imaginer… » Les villes drainent les campagnes ; les familles déménagent et laissent derrière elles leurs morts pour la France ; et, au fil du temps qui passe et des élus qui défilent dans les mairies françaises, les tombes se détériorent. Leur entretien devient un véritable défi logistique. […]
Mais les bras manquent pour comptabiliser ces morts pour la France et le manque d’espace funéraire, lui, se fait toujours plus sentir. « Les maires ont besoin de place dans les cimetières communaux, précise ainsi Serge Barcellini. Les tombes de ces soldats, qui pâtissent du manque d’entretien, sont parmi les premières dans le viseur des édiles. » […]






