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L’industrie de la musique commence enfin à se regarder en face, et ce qu’elle voit est si choquant qu’elle ne peut plus fermer les yeux.

Le mouvement a commencé au lendemain de la mort de George Floyd (…) deux femmes, salariées noires de la major du disque Warner Music, appelaient à un « Black Tuesday » dans toute l’industrie : « L’industrie de la musique est un secteur qui pèse plusieurs milliards de dollars en profitant de l’art noir (…). Notre mission est de tenir pour responsable l’industrie dans son ensemble qui a profité des efforts, luttes et succès des Noirs. Pour cela, ces acteurs sont désormais dans l’obligation, d’une manière mesurable et transparente, de protéger et donner du pouvoir aux communautés noires qui les ont rendues disproportionnellement riches. » (…)

Le journaliste américain Norman Kelley l’a résumé en 2002 dans son ouvrage Rhythm and Business : l’industrie s’est construite « sur l’exclusion systématique des personnes noires des positions de pouvoir ». Il suffit de compter les personnes racisées en place à des postes de décision au sein des majors en France pour constater que le sujet est toujours très actuel. Il y a encore un rapport de dominant et dominé rappelant les clichés néocolonialistes. (…) L’industrie de la musique se veut bienveillante, cool et moderne, portée par une pensée sociolibérale et de bonnes intentions. Mais elle n’échappe pas au racisme pour autant (…) qui “spolient des artistes appartenant à des minorités ethnoraciales, ou des formes musicales qui leur sont associées. Ce système d’exploitation raciste peut donc fonctionner en toute bonne foi » (…)

Kyu Steed, compositeur et producteur : « Le rap est la musique numéro un aujourd’hui, c’est elle qui leur rapporte de l’argent et elle est faite par des Noirs et des Arabes. Mais qu’est-ce que ça va changer en vrai ? Tant qu’il n’y a pas de Noirs qui bossent dans les bureaux, rien. Je ne veux pas du respect maintenant, je veux du respect tout le temps. C’est le moment d’attaquer parce que le sujet est global aujourd’hui, (…) l’industrie de la musique est condamnée à ne pas dire non. Si elle dit non ou si elle fait semblant, qu’elle soit prête à une vraie guerre. » (…)

Sony et Warner ont donc commencé à chercher, en urgence ces dernières semaines, des personnalités racisées qui pourraient prendre du galon ou débarquer à des postes en vue. Universal, pour sa part, compte s’appuyer sur son « diversity push », un programme d’amplification de la diversité dans tous les domaines (genre, orientation sexuelle, origines).

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