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Couverture caricaturale des manifestations contre les violences policières, remarques racistes au sein des rédactions… Dans une tribune, l’association de femmes journalistes Prenons la une appelle les médias à se remettre en cause et à embaucher des personnes issues de la diversité.

Nous sommes des journalistes femmes. Nous exerçons dans la presse écrite, à la télé, à la radio, sur le Web. Parmi nous, nous comptons des consœurs issues de la diversité, comme on aime dire. Nous sommes des professionnelles de l’information qui observons chaque jour les pratiques de notre métier, ses excès, ses dérives racistes aussi.

Comme lorsqu’un journaliste noir, en train de nettoyer son ordinateur, entend un collègue se mettre à chantonner « Nétwayé, baléyé, astiké », de Zouk Machine. Ou qu’une consœur stagiaire est qualifiée de « nègre » par un collègue ‒ il ne sera pas inquiété, même après signalement aux ressources humaines. C’est aussi ce confrère à qui l’on dit : « T’es le seul Noir de la rédaction. Ah non, regarde, il y a aussi les vigiles et les femmes de ménage. » C’est une journaliste qui souligne auprès d’un rédacteur en chef en quoi le mot « beurette » est insultant et qui se voit répondre : « Bah, “beurette de banlieue”, c’est un pléonasme, non ? Ça va ensemble. Tu sais ce que c’est, un pléonasme ? » C’est encore une consœur à qui une collègue demande : « Ta maman, elle porte le voile d’intégriste? » C’est une journaliste d’origine maghrébine aux cheveux bouclés à qui l’on affirme : « Ce serait mieux que tu te lisses les cheveux pour les duplex. » Ou encore cette journaliste d’origine asiatique que l’on surnomme « Katsuni » un matin quand elle arrive en jupe… C’est une journaliste conviée sur une chaîne d’info et déprogrammée à la dernière minute parce qu’une autre invitée racisée se trouve aussi sur le plateau – « Ça ferait doublon », lui explique-t-on.
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