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Le Monde – La Chine, elle aussi, doit annuler des dettes africaines

[…]Vingt millions d’Africains risquent de perdre leur emploi cette année, avec des conséquences potentiellement explosives en termes d’instabilité sociale et politique, de faim et aussi d’émigration. Pour les États africains, le coup est d’autant plus rude qu’ils sont dépendants des prix des matières premières qui s’effondrent et de la faiblesse de leurs monnaies, qui alourdit la charge de leurs dettes.[…]

Jusqu’à présent, Pékin n’annule pas les dettes des pays africains en détresse : il lui arrive de les « oublier » provisoirement contre la souscription de nouveaux prêts dont les taux d’intérêt sont supérieurs à ceux de la Banque mondiale. Les autres Etats créanciers, eux, craignent que les dettes qu’ils effacent ne bénéficient indirectement à la Chine.

Seule une procédure incluant l’ensemble des créanciers peut donc réellement desserrer l’étau sur les pays africains. Cela suppose que Pékin sorte de l’opacité de ses relations financières avec le continent. Si la Chine veut consolider son image de bienveillance en Afrique, elle doit accepter ce que les pays riches ont fini par admettre : annuler des dettes africaines.

lemonde.fr


Le G20 allège temporairement le fardeau de la dette des pays pauvres. – Les ministres des Finances du G20 se sont entendus pour suspendre cette année le paiement des intérêts de la dette des pays les plus pauvres. Une initiative destinée à aider le continent africain dont les perspectives économiques sont catastrophiques. Le FMI y prédit une récession sans précédent.

[…]les ministres des Finances du G20, le même jour, se sont entendus pour accorder cette année, à partir du 1er mai, un moratoire sur le paiement des intérêts de la dette . « Cette décision libère 14 milliards de dollars de la part des créanciers bilatéraux publics, donnant à ces pays des marges de manœuvre pour rapidement répondre à la crise », a commenté le ministère des finances français.

Avec les créanciers privés c’est l’équivalent de 20 milliards de dollars auxquels pourraient s’ajouter 12 milliards dus aux bailleurs de fonds multilatéraux – Banque mondiale, banques de développement notamment – s’ils rejoignent le mouvement.[…]

Le Fonds monétaire international (FMI) a, de son côté, indiqué qu’il fournira environ 11 milliards de dollars à 32 pays d’Afrique subsaharienne , des décaissements ayant déjà été effectués en faveur du Burkina Faso, du Gabon, du Ghana, de Madagascar, du Niger, du Rwanda, du Sénégal, du Tchad et du Togo.[…]

Appels à l’annulation de dette

[…]Mais, pour les ONG, ils sont loin du compte. « Les dettes n’étant pas annulées, les remboursements attendus en 2020 seront toujours dus en 2021 et majorés des intérêts accumulés sur la période : la dette sera d’autant plus insoutenable en 2021 » […]

lesechos.fr


Alors que le FMI confirme que l’Afrique sera bien en récession cette année, les grands créanciers ont fait un geste : ils gèlent le service de la dette pour un groupe de 76 pays, dont quarante pays africains, ce qui va leur permettre de consacrer leurs ressources budgétaires à soutenir leur économie. Un moratoire donc, qui ne signifie pas une annulation. Sur le continent, la décision est saluée mais suscite aussi des réserves et des déceptions.

[…]La France voulait une annulation de la dette des pays africains. Pour l’instant, elle a obtenu un moratoire du club de Paris (les pays prêteurs) et du G20.[…]

Les dettes des pays africains culminent aujourd’hui à 365 milliards de dollars, un chiffre produit avant la crise du coronavirus. Parmi les principaux créanciers : la Chine, 40% du montant total, les pays riches du Club de Paris, le FMI, la Banque mondiale, mais aussi de nombreux créanciers privés, entreprises ou gestionnaires de fonds.

Des attentes déçues

En Afrique, les ministres des Finances, réunis le 19 mars en visioconférence, avaient appelé à une suspension du paiement des intérêts des dettes pour l’année 2020 – soit 44 milliards de dollars – afin de pouvoir combattre le coronavirus et ses conséquences économiques.

Ils avaient également demandé un moratoire sur les intérêts et le principal des dettes des nations africaines « fragiles ». L’accord obtenu par la France est donc en deçà de leurs attentes.

Un moratoire ne suffit pas, estime l’économiste et chercheur sénégalais Moussa Demba Dembélé : « Le moratoire signifie pour l’instant on suspend le paiement, mais vous devez cette dette dans un proche avenir […]
L’effort de l’Europe et des institutions financières internationales sera vain si la Chine n’est pas prête à renoncer plus durablement à récupérer ce qu’elle a prêté à l’Afrique, se sont récemment inquiétées les Panafricaines, un réseau de journalistes femmes représentant les 54 pays du continent africain.[…] rfi.fr

Emmanuel Macron sur RFI: «Nous devons la solidarité à l’Afrique» face au coronavirus

[…]Le quatrième axe de votre action coordonnée, c’est le volet économique, le volet financier. Les pays africains doivent rembourser quelque 365 milliards de dollars à leurs créanciers. Comment allez-vous convaincre ces créanciers, publics mais aussi privés, chinois, européens, américains, de renoncer à une telle somme ? C’est colossal !

[…]À court terme, on a eu une discussion. Il y a quatre représentants spéciaux qui ont été mandatés par l’Union africaine, ils ont fait des propositions que j’ai souhaité qu’on reprenne. Ces propositions, c’était de dire : « moratoire ». Parce qu’on a beaucoup discuté, ils ont beaucoup travaillé. Ils disent : « L’annulation, on n’y arrivera pas tout de suite. » Mais le moratoire, ça veut dire quoi ? Ça veut dire on ne rembourse plus les intérêts, vous nous laissez de l’oxygène. On étale cette dette, et on peut peut-être mettre tout le monde d’accord autour de cette idée.

Mercredi soir, le G20 finance doit acter, je touche du bois, en tout cas on y a mis tout notre capital politique, de ce moratoire sur les dettes à l’égard de l’Afrique. Moratoire qui touche les membres du club de Paris, mais aussi la Chine, la Russie, l’ensemble des économies du Golfe, et les grands bailleurs multilatéraux. C’est une première mondiale. Ça veut dire que le temps de la crise, on laisse les économies africaines respirer et ne pas servir les intérêts de la dette. C’est une étape indispensable, et je pense que c’est une formidable avancée.[…]

Les Chinois sont détenteurs de quelque 40% des créances actuelles sur l’Afrique. Est-ce que vous avez parlé avec le numéro 1 chinois, Xi Jinping? Est-il d’accord pour rééchelonner cette dette, voire pour l’annuler, comme vous l’avez demandé ?

Je n’ai pas eu une discussion avec lui sur ce sujet. Je sais pour lui l’importance que revêt l’Afrique. Je ne doute pas une seule seconde que pour le président chinois, la situation aujourd’hui de l’Afrique justifie un geste de cette importance. Donc c’est une discussion que nous aurons, soit dans le cadre d’un G20, s’il pouvait se tenir dans les prochains jours ou dans les prochaines semaines, soit sur un plan bilatéral, parce que je vais le solliciter sur ce point. Mais je pense que c’est un geste important que la Chine doit faire pour accompagner ce travail. Ce qui est sûr, c’est que vous avez rappelé les chiffres : la Chine est aujourd’hui un grand bailleur du continent africain. Tous les bailleurs du continent africain doivent être dans cette logique d’efforts pour aider le continent africain à traverser cette crise. Et donc elle y aura son rôle et sa part. […]

rfi.fr

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