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Pour le sociologue Michel Wievorka, il faut aussi lire la crise actuelle dans le contexte de la campagne de l’élection présidentielle. Et ce qu’il pressent n’incite guère à l’optimisme. Dans un climat social rouvrant la porte à la violence militante ou d’Etat, l’extrême droite semble en passe de remporter la mise politique des conflits sociaux.

Faites-vous un lien entre la crise des gilets jaunes et celle que nous vivons aujourd’hui ?

Les gilets jaunes, c’était une autre face de la sortie des Trente Glorieuses. Ils ne défendaient pas un modèle en cours de déstructuration, comme FO ou la CGT, ils refusaient d’être les laissés pour compte du changement en cours.[…]

Elle a déjà commencé, cette campagne présidentielle, non ?

Mais oui. Jean-Luc Mélenchon est requinqué, et pourtant son parti, LFI, s’est beaucoup affaibli. La France nourrissait deux populismes, d’extrême droite et d’extrême gauche : cette bipolarité est en train de se dissoudre. Et je crains que cette dissolution profite à Marine Le Pen et au Rassemblement national.

Pourtant Marine Le Pen n’est pas très présente dans cette crise…

N’oubliez pas qu’au sein de la CGT et de FO, un pourcentage non négligeable d’adhérents vote pour elle. Marine Le Pen voit bien dans d’autres pays que la mise en avant de thèmes sociaux réussit à des forces qui ressemblent à son parti. Plus elle parviendra à donner une tonalité sociale à ses discours – ce qu’elle était parvenue à faire pendant la crise des gilets jaunes – tout en parlant immigration, identité, islam, etc., plus elle démontrera sa capacité à marcher sur deux jambes. Ce qui me fait dire que l’évolution actuelle va dans le sens d’un renforcement du Rassemblement national. […]

Libération

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