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Cinquième fortune d’Afrique, avec une fortune estimée à 5,9 milliards de dollars et deuxième personnalité la plus riche d’Afrique du Sud, Johann Rupert est au cœur de l’actualité locale depuis plusieurs jours. Selon un extrait du livre «The Stellenbosh Mafia» (sa ville d’origine) qui sortira cette semaine […], Rupert songe à quitter le pays, prédisant une éminente crise qui s’apparenterait à «un événement du type printemps arabe» et qui obligerait l’Etat sud-africain à se mettre sous tutelle du FMI. Dans le pays, son intention de départ fait polémique.

«Je pense que nous serons au FMI dans un an. […] [L’ANC] ne sait pas ce qui l’attend. Nous aurons soit un événement du type Printemps arabe, soit Ramaphosa devra tout restructurer. Le FMI vous obligera toutefois à vous restructurer». […] En fait, le tycoon dit craindre que dans un contexte de crise, il ne soit davantage accablé par le fisc, au moment où il est de plus en plus taxé de «visage du capital monopoliste blanc». Il a déjà demandé à ses entreprises «de proposer des scénarios de catastrophe». […]

Dans le pays, ses détracteurs pensent également qu’il utilise son influence dans les milieux d’affaires dans le pays et à l’étranger pour faire pression sur l’économie. Mais là encore, il dément : «Les investisseurs américains m’appellent pour me demander s’ils doivent court-circuiter le rand et je leur dis toujours non. Je ne contrôle pas la monnaie, mais si je décidais d’encourager les gens à court-circuiter le rand, cela aurait un impact». […]

Au-delà des considérations politico-capitalistiques, l’économie sud-africaine convulse depuis quelques années. Et le fait que le gouvernement actuel n’arrive pas à régler les problèmes structurels a tendance à envenimer la situation dans un contexte de tensions sociales. Actuellement en outre, les faibles performances de l’industrie minière, poids lourd de l’économie, n’augure pas de bonnes perspectives pour la croissance en 2019, tandis que la dette du pays ainsi que le déficit budgétaire deviennent inquiétant.

En Afrique du Sud, certains donnent raison aux prévisions de Johann Rupert pour l’avenir économique du pays. D’autres considèrent cela comme du chantage, dans une Afrique du Sud où la scission entre l’élite et la base est de plus en plus notoire. Julius Malema, président de l’Economic Freedom Fighters (EEF), lors des festivités du sixième anniversaire de son parti ce weekend, a promis «d’accélérer» le départ de Johann Rupert. […] Johann Rupert était très proche de Nelson Mandela qu’il considérait d’ailleurs comme un parrain, la relation était de bonne qualité avec Thabo Mbeki, «mais Rupert n’a jamais parlé à Jacob Zuma et il n’a eu aucun contact avec Ramaphosa depuis qu’il est devenu président de l’ANC et chef de l’Etat» […]

La tribune

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