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Le journaliste Paul-François Paoli, auteur de Confession d’un enfant du demi-siècle, raconte près de 50 ans de vie intellectuelle et politique. Il revient sur son parcours, celui d’un homme qui, d’étudiant communiste, devint écrivain conservateur.

Paul-François Paoli est journaliste au Figaro et écrivain. Il a récemment publié Confession d’un enfant du demi-siècle (Editions du Cerf, 2018).

[…] Je suis convaincu que la violence de la jeunesse d’origine immigrée en France n’est pas due à l’exclusion sociale, comme nous le rabâchent ces belles âmes qui prônent le «vivre ensemble» pour mieux rester entre elles, mais par un sentiment d’étrangeté profond à l’endroit d’une société où certaines normes anthropologiques ont été bouleversées. D’où le recours à un islam identitaire et normatif. […]

Ce ne sont pas les valeurs, fussent-elles républicaines, qui fondent la nation contrairement à ce que l’on croit en France c’est le sentiment de ressemblance. Stendhal disait : «La vraie patrie est celle où l’on rencontre le plus de gens qui vous ressemblent». Si le sentiment de ressemblance se dilue comme c’est le cas aujourd’hui dans une société française «archipélisée» et communautarisée, la référence à la nation devient purement rhétorique. […]

Sur le plan intellectuel, le conservatisme est peut-être en passe de gagner la bataille des idées. Qui sont les intellectuels de gauche en France? L’intelligence a changé de camp après quarante ans d’hégémonie idéologique de la gauche, hégémonie qui s’écroule avec le mur de Berlin. La gauche est devenue le camp du conformisme et de la normativité morale, le conservatisme celui de la transgression positive dès lors qu’il n’est pas perçu comme axé sur la défense d’intérêts de classe. La bourgeoisie en France n’est pas conservatrice elle est libérale, voire libertaire. […]

Le livre de François Lenglet La fin de la mondialisation est sans doute important à cet égard. Ainsi que celui de Laurent Bouvet l’auteur de L’insécurité culturelle. Le besoin de frontières est lié au sentiment d’une intolérable promiscuité qui est encore accrue par des flux migratoires qui semblent irrépressibles. Il n’y a pas d’entre soi ou de chez soi sans frontières. Et les nantis qui se répandent en discours pseudo-généreux sur l’abolition des frontières le savent très bien quand il s’agit de se retrouver entre eux. À cet égard il me semble que le discours de l’Église catholique est irresponsable. […]

J’ai parcouru le quartier des Champs-Élysées la nuit du 19 juillet. Des milliers de jeunes nés en France revendiquaient haut et fort leur identité en brandissant de manière agressive le drapeau du pays de leur cœur, l’Algérie. Le droit du sol, dogme sacré saint de notre République, a donc échoué les concernant. Le sentiment d’identité est une chose, la nationalité administrative en est une autre.

Le Figaro

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