Fdesouche

Atlantico : Le projet Veritas a publié un rapport sur Google (qui inclut une vidéo, des documents et un témoignage) qui montre les velléités de contrôle de la vie politique de certains cadres exécutifs de la firme de la Silicon Valley dans le sens d’un certain progressisme. Qu’est-ce que ces documents montrent exactement ? En quoi est-ce le signe d’une homogénéité idéologique problématique au sein de ce monde de la technologie ?

Edouard Husson : La vidéo de Project Veritas est un document extraordinaire. Jen Gennai, la directrice de « l’innovation responsable », y explique sans se cacher que Google a l’intention d’utiliser toutes les ressources de ses algorithmes pour faire perdre Donald Trump en 2020 ! Vous remarquez comme il y a toute une langue de bois aujourd’hui, autour de la notion d’innovation. Madame Gennai, en l’occurrence, propose non pas une innovation mais une régression: elle refuse le suffrage universel. Et elle fait preuve d’aussi peu de responsabilité que possible. Cette vidéo a été prise par une caméra cachée; la directrice de la « régression arbitraire », pardon, de l’innovation responsable chez Google pensait parler librement. Le plus intéressant vient à la fin, lorsqu’elle fait allusion aux intentions de faire éclater Google: on est au cœur de la tradition américaine de lutte contre les monopoles, depuis la loi Sherman de 1890. Et l’entreprise californienne sait bien qu’elle est menacée, comme bien d’autres géants avant elle, devenus trop puissants au goût des gardiens de la démocratie américaine. On est au cœur de ce qui se joue, bien-au-delà de la personne de Trump. Le tribun du peuple qui s’est emparé du parti républicain devient de plus en plus évidemment le défenseur de la démocratie aux Etats-Unis. La campagne de 2020 va être encore plus clairement que celle de 2016, une campagne de lutte pour la liberté politique. On ne saurait trop insister sur le grand basculement auquel nous assistons: partout dans le monde occidental, les partis conservateurs deviennent le refuge des libertés. Je ne sais pas si, concernant le camp progressiste, on peut généraliser sur le fait que les génats de la Tech sont tous ligués autour de ce que Jonah Goldberg appelle le « fascisme libéral ». Il y a au moins Peter Thiele qui avait appelé à voter Trump en 2016.
[…][…][…]

Atlantico

Édouard Husson est historien. Professeur des universités, il est ancien directeur général de ESCP Europe. De septembre 2015 à mai 2018 il a été vice-président de l’université Paris Sciences & Lettres (PSL).

Fdesouche sur les réseaux sociaux