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Selon “Le Monde”, le président cherche à réformer la formation des hauts fonctionnaires, et voudrait l’ouvrir davantage aux classes populaires.

Un socle commun à tous les hauts fonctionnaires. Mais l’accès aux écoles de la haute fonction publique n’est pas la seule piste à l’étude : l’Elysée chercherait également à s’assurer que les futurs hauts fonctionnaires aient “une culture commune de l’Etat” – qui serait en particulier défaillante chez les magistrats, à en croire un conseiller de l’exécutif. Celle-ci pourrait être enseignée via un “creuset commun”, d’une durée d’un an, dans un lieu donné comme à l’ENA par exemple, avant que les élèves ne regagnent leur école respective à la rentrée suivante.

Ne plus réserver l’accès aux grands corps. Autre point de réforme souhaité par Emmanuel Macron : rompre le lien entre l’ENA et les grands corps de l’Etat. Aujourd’hui, les jeunes énarques peuvent, pour ceux qui ont obtenu le meilleur classement de sortie de l’école, intégrer le Conseil d’Etat, la Cour des comptes ou l’Inspection générale des finances. “Vous passez un concours à 25 ans, vous sortez bien classé, vous entrez dans un grand corps. C’est une espèce de rente”, résume un proche du président. L’idée serait désormais de maintenir le classement de sortie, mais de rejoindre seulement un “corps de base”, tel que la préfectorale, la diplomatie, Bercy, etc. L’accès aux grand corps ne serait possible qu’après avoir fait ses preuves sur le terrain donc.

 

Alors que le “grand débat national” a pris fin, l’exécutif doit désormais apporter des solutions à la crise des “gilets jaunes”. Et parmi les pistes à l’étude, Emmanuel Macron songe à réformer la haute fonction publique, cette “élite” qui a été souvent décriée sur les ronds-points ces derniers mois.

Selon des informations du Monde vendredi, qui cite des sources au sein de l’exécutif, l’Elysée cherche notamment à ouvrir les écoles de la haute fonction publique aux classes populaires. L’idée serait que ces promotions d’étudiants soient plus représentatives de la population française, alors que six étudiants sur dix à Polytechnique sont des enfants de cadres, sept sur dix à l’ENA (Ecole nationale d’administration).

Discrimination positive. Pour ce faire, le chef de l’Etat, lui-même sorti de l’ENA en 2004, souhaiterait introduire un peu de discrimination positive dans le recrutement des étudiants, comme l’a fait Sciences Po Paris en 2001, en réservant une voie d’accès aux candidats issus des milieux populaires. A Sciences Po Paris, les “conventions ZEP” réservent en effet des places à des jeunes des Zones d’Education Prioritaires, qui passent un concours spécifique pour intégrer l’école. Un “dispositif assez efficace”, de l’aveu d’une source gouvernementale. Entre 2005 et 2018, le taux de boursiers y est d’ailleurs passé de 12% à 26%. “Si on ne fait pas un peu de discrimination positive, on n’y arrivera pas”, concède auprès du Monde une députée LREM.

Expérimentation à l’ENA ? Si l’ENA affiche le même taux de boursiers, le nombre d’enfants issus de milieux favorisés y restent majoritaire, et la classe préparatoire “Egalité des chances“, lancée en 2009, n’a permis qu’à huit énarques seulement de rejoindre l’élite administrative depuis sa création. Selon le quotidien du soir, le périmètre des écoles concernées par cette future réforme n’a pas été encore fixé, mais une expérimentation pourrait d’abord concerner l’ENA et les Instituts régionaux d’administration (IRA), afin de faire représenter davantage les zones rurales dans la haute fonction publique.

 

Toutefois, comme le souligne Le Monde, de nombreuses questions restent en suspens et ce projet de réforme suscite de vives “tensions” au sein du gouvernement. Alors que certains ministres se disent inquiets de “tuer l’ENA”, d’autres affirment qu’il faut “tout bousculer”. Reste que l’opposition la plus forte viendra sans doute en premier lieu des grands corps eux-mêmes, bien introduits dans les hauts cercles de l’Etat.

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