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[…] Si l’Union européenne formait un seul pays, la part des immigrés diminuerait sensiblement, puisque les ressortissants d’un autre pays de l’Union n’en feraient plus partie. L’importance relative des deux types de migration – interne et internationale – est donc fortement liée au découpage du territoire en nations.

Tout immigré est aussi un émigré pour le pays qui l’a vu naître. Même s’il s’agit des mêmes personnes à l’échelle mondiale, quand on s’intéresse à un pays particulier et que l’on souhaite en connaître la population des émigrés, les informations disponibles sont souvent moins bonnes que pour les immigrés. Les pays sont sans doute moins soucieux de dénombrer leurs émigrés que leurs immigrés, les premiers n’étant plus résidents, et n’occasionnant plus de dépenses publiques sous forme d’équipements et d’infrastructures, contrairement aux seconds. Mais les émigrés contribuent souvent de façon importante à l’économie de leur pays de départ par l’envoi d’argent et, dans certains cas, ils peuvent toujours voter, ce qui justifie de mieux connaître leur population. […]

La moins bonne connaissance des émigrés tient également aux sources statistiques. Les arrivées de migrants sont mieux enregistrées que les départs. Et le nombre d’émigrés est souvent estimé à partir des statistiques sur les immigrés dans les différents pays d’accueil. […] La France est dans une situation intermédiaire: d’après les décomptes dans les recensements du monde entier, elle compterait 2,9 millions d’expatriés en 2015, soit autant que les États-Unis, mais 40 % de moins que le Royaume-Uni ; ses émigrés seraient quatre fois moins nombreux que ses immigrés. […]

Les immigrés seraient, au total, 258 millions en 2017, d’après les Nations unies. Ils ne représentent qu’une faible minorité de la population mondiale (3,4 %), la plupart des humains vivant dans leur pays de naissance. La proportion d’immigrés n’a que très légèrement augmenté au cours des dernières décennies : elle était de 2,9 % il y a trente ans (en 1990), et de 2,3 % il y a 55 ans (en 1965). Elle a sans doute également peu changé en cent ans.

En revanche, la répartition des immigrés n’est pas la même qu’il y a un siècle. L’un des changements survenus depuis est le « renversement des flux migratoires », entre le Nord et le Sud, selon l’expression d’Alfred Sauvy, les pays du Sud fournissant désormais une part importante des migrants internationaux. […]

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