Nicolas Hénin parle d'une voix posée, mais marquée, il pèse chaque mot. Didier François, c'est l'inverse, il parle à toute vitesse, il déborde de mots, il ponctue parfois ses phrases d'un rire nerveux. Mehdi Nemmouche écoute, impassible, il les regarde.
— Alexandra Gonzalez (@AlexandraGzz) 7 février 2019
Nicolas Hénin : "Quand cette tournée était finie commençaient les tortures dans la pièce en face de notre cellule, généralement sur des Syriens, jusqu'à la 1ere prière du matin. Nos nuits étaient meublées du bruit des tortures. Du bruit des coups. Du bruit des hurlements."
— Alexandra Gonzalez (@AlexandraGzz) 7 février 2019
"Ils rentraient d'un coup dans la cellule en hurlant "Face au mur !". Ils nous faisaient alors de mauvaises blagues. Une nuit par exemple, ils rentrent avec un sabre et ils se mettent à hurler "À genoux ! On va vous décapiter !" Ils nous bousculent… Avant de repartir en riant."
— Alexandra Gonzalez (@AlexandraGzz) 7 février 2019
"Mais toi, je vais te décapiter !" Et là, on me chloroforme, je deviens flou. Je vois quand même que mon co-otage se réveille. Il avait été lui aussi chloroformé. Puis ils nous remettent dans la cellule, en riant de leur blague."
— Alexandra Gonzalez (@AlexandraGzz) 7 février 2019
"Ils m'enlèvent le bandeau sur les yeux pour que je l'utilise pour stopper l'hémorragie. Je vois alors à quoi ressemble cette salle, de 10 m sur 10. Plein d'instruments posés au sol, des chaînes, des tuyaux, des barres, un crochet au plafond. Je vois cinq hommes, tous masqués."
— Alexandra Gonzalez (@AlexandraGzz) 7 février 2019
"Il y avait des moments surréalistes où Nemmouche faisait des blagues, qui me faisaient parfois rire. Il me vannait par exemple sur ma tenue orange en me disant "Ca te va bien ton costard en peau de saumon fumé mon petit Didier" !" Dans le box des accusés, M. Nemmouche se marre.
— Alexandra Gonzalez (@AlexandraGzz) 7 février 2019
L'audience est terminée. @N_Henin et Didier François auront été d'une très grande dignité durant cette matinée. Ils ont su trouver les mots pour raconter sobrement l'indicible. Une matinée éprouvante pour eux, mais si utile à la manifestation de la vérité.
— Alexandra Gonzalez (@AlexandraGzz) 7 février 2019