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Jean Asselborn, ministre socialiste des Affaires Etrangères et européennes, de l’immigration et de l’asile, doyen des ministres des Affaires Etrangères de l’Union Européenne, se confie sur la crise migratoire, dossier épineux qui dégrade selon lui l’image de l’UE

En ce début d’année 2019, le chef de la diplomatie que vous êtes est-il plutôt pessimiste ou optimiste ?

Jean Asselborn : […] Les choses ne sont pas évidentes, c’est certain. En ce qui concerne l’état de droit, nous avons des soucis avec certains pays membres comme la Hongrie ou la Pologne. En 2015, nous étions presque tous d’accord pour sauver les migrants en mer et trouver des solutions, mais aujourd’hui je ne suis plus sûr que les États veuillent toujours le faire. C’est une différence fondamentale, car à présent une majorité de pays refusent la solution européenne. Je suis pessimiste sur ce point-là.
[…]

… il faut créer des chemins légaux pour l’immigration vers l’Union européenne, mais nous n’avons pas réussi à avoir de partenariat entre les pays européens d’un côté et l’Afrique de l’autre.

Aujourd’hui, nous ne sommes même plus capables de sauver quelques dizaines de gens sur un bateau. Le réflexe pour les sauver n’existe plus et c’est dégradant pour l’Europe. Ce n’est pas la faute de la Commission mais des États membres qui refusent de voir les choses en face.

L’Europe humaniste est morte ?

C’est peut-être une affirmation trop générale, car il y a encore des gens dans l’Union et à tous les niveaux qui ne veulent pas accepter que l’Europe tourne le dos à l’humanisme. Je défends en particulier la Commission qui, depuis 2015, a fait des propositions qui allaient dans le bon sens.

L’Union parviendra-t-elle à réformer le règlement de Dublin ?

Nous ne pouvons que réformer « Dublin » si nous acceptons des quotas. En cas de crise, il ne faut pas que toute la charge retombe sur les pays assurant les frontières extérieures de l’Union comme l’Italie, la Grèce ou l’Espagne.

Sur les 68 millions de réfugiés, l’Europe n’a qu’un tout petit nombre.

Si on n’arrive pas à réformer « Dublin », nous n’arriverons jamais à avoir une politique migratoire européenne qui est le but. C’est la première fois depuis la création de l’Union européenne que nous n’avons pas réussi à combattre les origines d’une crise. Sur l’humanitaire, l’Europe a montré un visage qu’elle n’aurait pas dû montrer et je suis pessimiste quant à une solution dans un proche avenir…

 

Le Quotidien

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