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La lourdeur de certaines condamnations de gilets jaunes provoque la colère des gilets jaunes, lesquels critiquent une justice qui se serait donné comme mission de rétablir l’ordre – quitte parfois à excéder sa mission d’application de la loi.

(…) Atlantico : Comment comprendre les origines de cette sévérité ? Faut-il y voir une volonté politique -et si oui, comment comprendre l’attitude des magistrats ?

Régis de Castelnau : Il y a deux pistes de recherche pour comprendre comment une fois encore l’appareil judiciaire et le corps de la magistrature se sont mis instantanément au service du parti de l’ordre. Avec l’arme d’une sévérité complètement excessive, de multiples entorses aux lois et aux principes du procès pénal, et un silence obstiné devant les multiples infractions pénales commises par la police voire par des membres du parti au pouvoir.

La première piste de réflexion amène au constat que quoi qu’on nous ait depuis 30 ans rebattu les oreilles avec l’indépendance de la justice enfin accomplie, celle-ci est bien toujours attachée à sa culture bi-séculaire de courroie du pouvoir en place. C’est triste à dire car on avait pu nourrir quelques espoirs que ce soit enfin installée une culture de l’impartialité. La séquence nous démontre qu’il n’en est rien. Et que le corps des magistrats, parquet et juges du siège, préfère de loin l’ordre à la justice. Madame Belloubet a donné le top départ. Jusqu’à présent il n’a manqué personne.

La seconde est celle d’une connivence sociologique, philosophique culturelle et politique de la haute fonction publique judiciaire avec les « élites » au pouvoir. Ce sont souvent les mêmes, qui se voient, qui se fréquentent, appartiennent au même cercles, aux mêmes obédiences. Cette proximité politique, dispense de mettre en place des courroies et de donner des ordres la justice. Celle-ci est disponible et va parfois même au-devant des vœux du pouvoir. La mansuétude pénale invraisemblable dont bénéficient Macron et son entourage en est aussi la marque. J’ai eu d’étonnantes conversations avec des gens de ce milieu pour entendre ce genre de réponse : « les gilets jaunes, ce sont des beaufs, des fachos, il est normal que nous défendions l’État contre ces gens-là ». Consternant.

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Régis de Castelnau – avocat depuis 1972 est président de l’Institut Droit et Gestion Locale organisme de réflexion, de recherche et de formation dédié aux rapports entre l’Action Publique et le Droit.

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