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La Togolaise Judith Gnamey est partie aux confins de la Mandchourie pour préparer un doctorat en biochimie. Une expérience décoiffante.

(…) Aussi loin que portait mon regard, je ne voyais aucun Noir. Oui, j’étais bien la seule à avoir une peau foncée et des cheveux crépus. Toutes les têtes se tournaient sur mon passage. J’ai ressenti là ma différence. Alors que j’étais assise à attendre le train, un groupe de personnes âgées est même venu m’entourer, me harcelant de questions auxquelles je ne comprenais rien. (…)J’étais horrifiée les premiers jours lorsque tous les téléphones se braquaient sur moi dans la rue. Des inconnus me prenaient en photo simplement parce que j’étais noire.

(…) Si les Chinois ont la même réaction avec tous les étrangers, elle est plus prononcée avec les femmes noires. D’autant que ma chevelure crépue suscite énormément d’interrogations. Souvent persuadés que ce ne sont pas mes propres cheveux. Je ne compte plus les personnes qui les touchent dans la rue. Beaucoup le font sans demander. Parfois, je ne m’en rends même pas compte. Cela peut me faire sourire, mais habituellement ça m’agace. Car c’est une partie de ma personne qu’ils s’autorisent à « peloter ». Demander la permission semble une évidence. Pourtant, j’ai découvert que le Code pénal chinois ne considère pas que toucher le corps de quelqu’un en public est un acte de harcèlement sexuel ou une forme de racisme. Je ne crie pas au racisme pour autant.

(…) Ici en Chine, être Noir est à double tranchant : soit on vous prend pour un Américain et vous êtes adulé, soit l’on sait que vous être un Africain, et vous êtes peu considéré. En mandarin, le mot Meiguo désigne les Etats-Unis, dont la signification est « beau pays ». Tandis que le mot feizhou, que l’on pourrait traduire par « sauvage », désigne l’Afrique.

(…) Quelle que soit la direction dans laquelle je regarde, mes possibilités de relations amoureuses restent très limitées.

(…) Le Monde

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