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Le 19 mai 2017, Marianne demandait à cinq plumes d’écrire quelques mots au fraîchement élu Emmanuel Macron, un jeune président qui était alors en état de grâce. L’écrivain Yann Moix signait un texte où il prévoyait déjà l’émergence du mouvement des Gilets jaunes – de «cette France qui souffre», de sa «violence quand elle met le feu» et de la récupération de l’«extrême droite».

[…] Mais méfiez-vous, monsieur le Président, de la France en colère, j’allais dire : de la France-colère. Celle de 1793 ; celle de 1871. Elle n’est pas légaliste, elle est haineuse ; elle prône l’égalité au bout d’une pique et n’aime pas perdre la face. Elle n’est pas le peuple, elle est la foule. […]

Elle n’est pas la démocratie, elle est l’ochlocratie. Cette France ne vous fera pas le moindre cadeau : déjà, le soir du premier tour, à travers Jean-Luc Mélenchon, elle menaçait de ne pas tenir compte du résultat, prétendument biaisé. France en colère, France non pas tant de la rue, que dans la rue, remplie de véhémence et de menaces, et qui vous privera du moindre quart d’heure d’état de grâce. France qui, dès demain matin, bloquera votre action, empêchera votre pouvoir, freinera vos décisions. France pleine de rancœur, ce qu’on peut évidemment comprendre, mais dont on ne saurait excuser la violence quand elle met le feu aux agents de police ou de gendarmerie. Puissiez-vous être le premier président, depuis de Gaulle, à n’avoir point peur de la rue ; à ne pas vous laisser mener par les diatribes des meneurs, par les huées des sans-culottes qui râlent et grognent et plongent, ricanant, hurlant, le pays dans un chaos satisfait, souhaité, voulu. Nous savons bien que cette France souffre : mais, si vous acceptez son message, souvent légitime, nous vous implorons de ne plus supporter ses méthodes. Cette France de la foule n’est pas la France du peuple : le peuple, qu’elle prétend incarner, est pris en otage par elle. Un peu comme, sous la Commune, l’immense majorité des Parisiens était prise en otage par la folie rouge. L’extrême droite, sans conteste, est le pire des poisons. Et il n’y a aucune symétrie entre l’extrême droite et l’extrême gauche.

La Règle du Jeu

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