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Si la gauche peut appuyer le pôle progressiste des « gilets jaunes », elle se doit de critiquer ses éléments d’extrême droite, estiment Sarah Kilani et Thomas Moreau, deux militants écologiste et antifasciste dans une tribune au «Monde»..

N’émergeant pas directement des formes traditionnelles de contestation, le mouvement des « gilets jaunes » déboussole la gauche. Entre soutien inconditionnel et mépris affiché, toutes les positions envers la mobilisation se déclinent. […]

D’interclassiste, il évolue de plus en plus vers des bases prolétariennes par l’implication de militants de gauche, de syndicalistes, du comité pour Adama [association créée après la mort d’Adama Traoré, lors de son interpellation en 2016 par les gendarmes du Val-d’Oise]. Face à ce phénomène protéiforme de colère sociale fourre-tout dont la nature réelle reste difficile à définir, mais justifiée par les bas salaires, le creusement des inégalités et, aussi, la crise institutionnelle instaurée par un exécutif qui a longtemps méprisé les corps intermédiaires et les classes subalternes, il est plus que légitime que la gauche se soit posé la question de sa participation. Celle-ci se doit cependant dans tous les cas de rester d’une très grande fermeté à l’égard de l’extrême droite et des revendications qui lui sont propres.

Très souvent décriés par cette gauche, ce sont pourtant les antifascistes qui ont avant tout évacué du mouvement, à plusieurs reprises, des militants fascisants, pendant que d’autres ont choisi une complaisance silencieuse devenue douteuse ; voire énoncent la possibilité de nouer des alliances sur le terrain avec eux. Ainsi, Eric Hazan dans un entretien à Mediapart, le 7 décembre, affirmait que la présence de l’extrême droite «ne [le] gênait pas», et de poursuivre «les ennemis de mes ennemis ne sont pas vraiment mes amis, mais un peu quand même». […]

Le Monde

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