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Marine Le Pen a déclaré que l’extrême gauche faisait « le bon constat » mais n’allait pas «au bout de la logique». Une tactique que décrypte Jérôme Fourquet, directeur du Département Opinion et Stratégies d’Entreprise de l’Ifop.

En «gauchisant» son discours sur les questions sociales, Marine Le Pen va-t-elle perdre une partie de son électorat habituel ?

Je ne crois pas. Un ciment très solide continue à faire tenir ensemble les électorats très variés du Front national: l’opposition à l’immigration. Marine Le Pen prend soin de réactiver de temps en temps ce thème par des propositions ou des formules chocs, en particulier en ce qui concerne la place de l’islam dans la société française (Quick Halal de Roubaix, port du voile etc.). En marketing, on appelle ça une stratégie d’entretien de la marque.

L’opposition à l’immigration reste la colonne vertébrale du FN. Les autres aspects (critique de l’union européenne et du libre-échange) s’agrègent autour de ce socle. De surcroît, les Français ont tous conscience qu’«il n’y a plus d’argent à distribuer» et que leur vie risque de devenir plus difficile. A cette inquiétude, Marine Le Pen apporte une réponse: «on va conserver notre modèle social, mais seulement pour les Français». Ce discours dispense de préconiser une baisse des dépenses publiques. Il revient à faire du coût de l’immigration la source de tous les maux. En supprimant ce coût, le modèle social français sera préservé, déclare Marine le Pen. Ce discours peut séduire des électorats variés.

Tout de même, prenons un exemple: l’ouvrier d’Hénin-Beaumont et le retraité du sud-est ont-ils le même avis sur la dernière grève à la SNCF ?

Il y a une répartition des rôles médiatiques au FN pour répondre à leurs attentes opposées. Florian Philippot a soutenu la grève à la SNCF au nom de l’hostilité aux institutions européennes. Son objectif est d’attirer au FN une partie du salariat syndiqué, les grandes centrales syndicales s’inquiétant à juste titre de cette percée. Mais dans le même temps, Jean-Marie Le Pen, Louis Aliot et Marion-Maréchal Le Pen occupent un créneau plus droitier et assez «classique». […]

Ce grand écart peut-il durer indéfiniment ?

On ne peut pas contester à Marine Le Pen son talent politique. Elle a élargi le spectre des thématiques sur lesquels elle intervenait et n’hésite pas à emprunter des accents «gauchisants» mais elle prend soin de ne jamais aller trop loin. […]

Le Figaro

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