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La phrase de Louis Michel prononcée dans l’Echo il y a quelques jours a fait grand bruit. Ce week-end encore, un débat dominical y était consacré. Le père du Premier Ministre, connu de tous pour sa modération, déclarait : ” Je pense que dans notre pays, surtout côté francophone, on a une presse qui est unilatéralement opposée à la politique de ce gouvernement. Et je dis qu’on a un problème.

“En août dernier, le Premier Ministre, Charles Michel, déclarait d’ailleurs dans ces colonnes : “J’ai compris très tôt que des journalistes et des pseudo-experts, surtout du côté francophone, étaient des anciens adorateurs du PS qui haïssent désormais la N-VA. La bataille contre ce microcosme bien-pensant n’est pas simple.” Ces déclarations permettent de poser un vrai débat qui s’avère sain et utile en démocratie. Si la presse informe, interroge, donne son avis tous les jours sur le monde politique, parfois en des termes assez crus, il n’est pas anormal que, de temps en temps, un politique puisse s’interroger sur le pluralisme dans l’univers médiatique, condition primordiale à un juste débat démocratique.

Ce sentiment d’une presse majoritairement de gauche, exprimé par Louis Michel et partagé par beaucoup d’autres, est-il un fantasme ? Loin de moi l’idée de critiquer la presse, j’en suis un grand lecteur (tous titres et tendances confondus) et un grand défenseur. Je considère que des médias libres sont une mesure primordiale de la qualité d’une démocratie. Je n’ai rien contre les éditos engagés, cela fait partie des outils qu’ont les journalistes pour s’exprimer dans le débat public. Et je ne suis certainement pas pour moins de débats… au contraire ! Je trouve d’ailleurs que le paysage francophone est assez pauvre en matière de débat grand public, contrairement à ce qui se passe au nord du pays où il y a davantage d’émissions de débats politiques qui font d’ailleurs des taux d’audience appréciables.

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Une étude de l’Association des Journalistes Professionnels de 2013 dresse le profil des journalistes. Certains essayent de décrédibiliser cette étude. Le questionnaire de l’étude a été conçu et diffusé par l’AJP elle-même auprès de l’ensemble des journalistes (2394) et 731 ont répondu, ce qui donne quand même un bon échantillon. L’AJP a trié elle-même les réponses avec le centre d’Etude de l’opinion de l’ULG. C’est donc une analyse sérieuse, pas exhaustive certes, mais qui donne une réelle indication. La majorité de ces journalistes se classe à gauche, avec une très nette préférence pour Ecolo (46 %), le PS (15 %) et le PTB (4 %). Plus de 3/4 se disent actifs dans l’associatif et 39 % sont membres d’un syndicat, deux chiffres bien supérieurs à la moyenne nationale. D’autres études disent la même chose, par exemple, le sondage réalisé par l’Ifop pour l’hebdomadaire Marianne en avril 2001, avant l’élection présidentielle de 2002. À l’époque, 63 % des journalistes consultés avaient l’intention de voter à gauche (dont 32 % pour Lionel Jospin, qui fut éliminé dès le premier tour). La droite ne recueillait que 6 % des voix dans les intentions de vote des journalistes. En 2012 en France, un autre sondage montre aussi des journalistes qui votent beaucoup plus à gauche que le reste de la population.

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Le Vif

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