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En ce samedi de fin octobre, les vendeurs de cigarettes à la sauvette tiennent le haut du pavé place du 8-Mai-1945. Sur le quai du tramway on en compte pas moins de vingt-cinq à accoster le chaland. Tous reconnaissables avec leur petit sac en plastique noir dissimulant si peu les paquets de cigarettes de contrebande. La plupart ne prennent pas cette précaution, étuis bien visibles en main, ils affichent les prix sur de larges étiquettes : c’est 5€ l’unité.

Christophe Piercy, président de l’association des usagers des transports a alerté le maire : « Au début il y avait deux vendeurs. J’en ai compté jusqu’à une trentaine. » Ils assaillent les usagers dès la sortie du tram. Signe que le commerce a pris ses aises, l’un des vendeurs a installé son fauteuil à roulettes contre un réverbère, un petit sac renfermant la marchandise à ses pieds.

L’un des buralistes du secteur a dû hausser le ton : « Les vendeurs se mettaient juste devant notre porte. On les a chassés mais on est complètement dépassés par le phénomène », lâche-t-il, fataliste en désignant dans ses rayons des paquets de Marlboro à 8€.

Place du 8-Mai-1945, la vente s’est diversifiée. D’abord proposée aux piétons, elle s’est désormais étendue aux automobilistes. Trois « sauvettes » sont postées au carrefour de la rue Gabriel-Peri et agitent leurs paquets.

« C’est devenu un drive-in, raille Christophe Piercy. Les gens stationnent n’importe comment. Cela crée un environnement malsain, il y a des bagarres pour les emplacements. Cette place a perdu sa vocation d’agrément. »

(…) Les vendeurs de cigarettes de contrebande ne sont plus les seuls à avoir investi les lieux. En soirée, des relents de shit s’invitent sur la place. « Le trafic de la cité Langevin s’est étendu jusqu’ici. A 20 heures tout le monde roule son joint sur le quai du tram », grince Benjamin, un habitant du quartier.

Mohamed, la trentaine, est l’une de ces petites mains du trafic. Ce sans-papiers (comme la plupart des vendeurs) algérien est installé « depuis trois ans » sur la place du 8-Mai-1945. Il guette des clients à la descente des tramways T1 ou T5 avec, dans sa fausse petite pochette Louis-Vuitton, des paquets de Marlboro… tout aussi contrefaits.

(…) Le Parisien

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