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Face à la montée des populismes de nos sociétés mondialisées, il devient urgent de mieux nous connaître. Or, qu’est-ce qui fonde un peuple ? L’historien Jean Sellier tente d’en définir les contours. Une interview à retrouver dans l’Altas des peuples, publié par La Vie et Le Monde, en kisoques à partir du 31 octobre.

Comment peut-on définir un peuple ?

[…] Cette définition varie considérablement selon le contexte et même selon les auteurs. On peut, bien évidemment, affirmer que le peuple français est une entité. Mais comment le délimiter ? Le peuple corse est-il ou non distinct du peuple français ? Immédiatement, vous entrevoyez que la réponse est malaisée. Dit autrement : le cœur de la définition d’un peuple est clair, mais les contours demeurent flous.

Comment circonscrire ce cœur ?

D’abord, pour qu’il y ait un peuple, il faut que celui-ci se donne à lui-même un récit commun. Une histoire qui se raconte de génération en génération.

Et, pourquoi pas, des mythes fondateurs. Ainsi, pour les Italiens, de la création de Rome par Rémus et Romulus, les frères jumeaux allaités par une louve. Ou, pour les Français, de la résistance du chef gaulois Vercingétorix face à l’envahisseur romain Jules César. Ou, encore, pour les Polonais, de la conversion du prince Mieszko au catholicisme en 966. Ces personnages mythifiés, ces événements historiques enjolivés participent d’un imaginaire commun auquel se réfère un même « peuple ». […]

Comment définiriez-vous la populisme ?

Le mot est à la mode, si ce n’est déjà galvaudé, donc malaisé à définir. Le populisme s’appuie sur un nationalisme étroit, teinté de xénophobie. C’est un phénomène de réaction de la population peu éduquée à un vaste monde devenu illisible. Impuissante à rebattre les cartes, elle tend à se replier sur son pré carré, alors que les élites restent cosmopolites.

Le populisme n’est pas nouveau, mais il a pris une ampleur inédite face à ce que l’on nomme la « mondialisation », autre terme un peu fourre-tout. Les crispations identitaires peuvent conduire les hommes politiques qui les incarnent, Donald Trump en particulier, à s’opposer aux accords internationaux et à nuire au bon fonctionnement de la communauté internationale. […]

La Vie

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