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Évoquant la civilisation occidentale, Michel Onfray estime qu’«elle est mourante [et] va mourir». Il juge en effet qu’une civilisation «se construit sur une religion, une spiritualité et est une espèce d’organisme vivant». Reprenant Paul Valéry, il estime que «les civilisations sont mortelles», précisant que le processus de fin de vie est entamé depuis la Renaissance. «Les signes du nihilisme sont assez faciles à voir, il suffit juste d’ouvrir certains journaux ou d’écouter certaines radios», affirme-t-il.

Michel Onfray a ensuite blâmé Paris et les élites politiques et médiatiques : «A Paris, il y a une espèce de rendez-vous des vaniteux, des opportunistes, des orgueilleux, de tous les gens qui sont prêts à tuer père et mère pour avoir du pouvoir, donc je n’aime pas cette ville.»

«J’ai plaisir à retourner dans ma campagne parce que Tocqueville a raison, nous sommes dans un centralisme jacobin qui fait que tout se décide à Paris et, globalement sur chaque domaine (peinture, littérature, musique, gastronomie, philosophie, etc.), il y a dix personnes qui font la loi et tout le monde se connaît», fustige-t-il.

Le philosophe ne se définit toutefois pas comme un penseur «antisystème» mais «comme un homme libre». En outre, il constate qu’il «n’y a pas de liberté d’expression» en ce monde, soulignant que, si un individu pensait en dehors «des clous», il serait «criminalisé» avec toutes «les règles de l’insulte : homophobe, antisémite, populiste». «J’ai eu droit à tout», juge-t-il.

D’ailleurs, il considère son éviction de France culture – qui a annoncé le 28 septembre cesser la diffusion de ses conférences de l’université populaire de Caen – comme un fait «politique». «On m’a fait savoir que j’avais écrit une première lettre à Emmanuel Macron qui n’avait pas beaucoup plu, donc j’en ai écrit une seconde, un peu plus vive, ironique, humoristique, satirique, et depuis j’ai franchement des portes qui se ferment», en prenant exemple sur la décision de la présentatrice du Magazine de la santé sur France 5, Marina Carrère d’Encausse, qui aurait annulé l’invitation de Michel Onfray qui devait évoquer sur son plateau son AVC.

«Rire sur Emmanuel Macron cela ne se fait pas, ajoute-t-il, c’est le roi, c’est le prince, parce que les journalistes jouent leur carrière, parce que quand ils sont éditorialistes, ils jouent leur place.»

Michel Onfray et le populisme
Michel Onfray dénonce par ailleurs tout un système politique et médiatique. Il présente ainsi le concept d’«empire Maastrichtien», c’est à dire l’Europe, qui a pour paradoxe, d’après l’intellectuel, de dénoncer les nationalismes au sein des pays mais qui développe en son sein un nationalisme européen, à travers un hymne, une monnaie, un drapeau, etc. «Il y a des dispositifs journalistiques ou intellectuels qui permettent de défendre l’idée que l’Europe de Maastricht serait formidable – la liberté, la tolérance, le cosmopolitisme, la fin du chômage, tout ce qui a été vendu avec l’Europe», rappelle-t-il tout en se posant la question de la réussite effective de l’Union européenne.

Il remet ainsi en cause les piliers censés vertueux de l’Europe, en prenant pour illustration la remise en cause des votes démocratiques lorsqu’ils ne vont pas dans le sens de l’UE (tels le «non» français au traité constitutionnel de 2005 ou le Brexit de 2016). Pour le penseur, les élites ont créé des éléments de langage «disqualifiants», en opposant les populistes aux progressistes : «Evidemment tout le monde a bien compris qu’un populiste c’est un méchant et que le progressiste c’est formidable.»

«C’est une opposition qui a été fabriquée par Macron, les libéraux, l’empire Maastrichtien, etc., pour nous dire, il faut choisir entre le bien et le mal», complète-t-il. «Non, il y a des gens qui défendent les peuples, ce sont les populistes et des gens qui n’en ont rien à faire, de ces peuples, qui les briment […] les populicides», argumente-t-il. Michel Onfray refuse donc d’entrer dans le «goulot d’étranglement» qui vise à diviser les Français sur les populistes d’un côté et les progressistes de l’autre.

Quant au qualificatif de «Zemmour de gauche», Michel Onfray ne semble pas vraiment s’en embarrasser : «Il est à la droite ce que je suis à la gauche et on est tous les deux un peu paria.» Néanmoins, ce qui les oppose est évident. Décrivant son attitude après la lecture du dernier livre d’Eric Zemmour, Destin français, Michel Onfray affirme : «Je sursaute à chaque page. Moi j’aime beaucoup le général De Gaulle, il ne l’aime pas beaucoup. Je déteste le Maréchal Pétain, il l’aime un peu. Il parle de Robespierre avec affection, moi pas du tout.»

Merci à C’

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