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18/10

Entre appels à l’unité et premiers signes de discorde, de nombreuses craintes ont émergé mardi au sein du monde orthodoxe au lendemain de la rupture des relations entre le puissant Patriarcat de Moscou et l’historique Patriarcat de Constantinople. Lors d’une réunion extraordinaire à Minsk au Bélarus, l’Eglise orthodoxe russe a décidé lundi de rompre tous ses liens avec sa rivale historique de Constantinople. Les prêtres et les fidèles de Moscou ne pourront plus participer à des offices en commun ou communier dans des églises du Patriarcat de Constantinople.

Ces tensions étaient à attendre après la reconnaissance la semaine dernière par Constantinople d’une Eglise indépendante en Ukraine, une décision qui met fin à 332 années de tutelle religieuse russe dans le pays et qui a provoqué l’ire de Moscou.

Les orthodoxes en Ukraine sont divisés: une partie sont fidèles au Patriarcat de Moscou et une autre se revendique d’un Patriarcat de Kiev autoproclamé après l’indépendance du pays en 1991 et qui n’était jusqu’alors reconnu par aucune autre Eglise orthodoxe dans le monde.

La rivalité entre ces deux Eglises a été exacerbée par la crise russo-ukrainienne, marquée par l’annexion de la péninsule de Crimée en 2014 et par un conflit avec des séparatistes prorusses dans l’Est de l’Ukraine, qui a fait plus de 10.000 morts.

(…) Au-delà de la question des relations turbulentes entre Moscou et Kiev, la rupture entre Constantinople et Moscou menace l’unité du monde orthodoxe, qui rassemble à travers le monde 250 millions de croyants.

(…)

Au Monténégro, le métropolite Stevo Vucinic a soutenu la reconnaissance d’une Eglise indépendante en Ukraine et dénoncé une affaire “politique” entre Constantinople et les Eglises russe et serbe, ces dernières étant, selon lui, entre les “mains de Moscou et Belgrade”.

Cette rupture “va permettre à toutes les Eglises orthodoxes pro-européennes, y compris l’Eglise monténégrine, d’obtenir une unité liturgique dans un futur proche”, a ajouté Mgr Vucinic.

“C’est une décision unilatérale, triste et très regrettable”, a déploré de son côté l’Eglise orthodoxe de Finlande tout en espérant la poursuite “d’activités culturelles non-liturgiques” avec le Patriarcat de Moscou.

Dans une lettre adressée vendredi au Patriarche russe Kirill, l’archevêque Rostislav de l’Église orthodoxe de Tchéquie et de Slovaquie a appelé à condamner “toutes tentatives visant à légaliser les schismatiques ukrainiens”.

Interrogés par l’AFP, l’Eglise orthodoxe polonaise et le Patriarcat de Bulgarie n’ont pas voulu se prononcer sur cette rupture tant qu’une décision officielle ne leur aura pas été communiquée.

Le Patriarcat de Géorgie a annoncé l’organisation prochaine d’un synode pour décider d’une position.

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Avant ces premières réactions, le quotidien russe RBK s’inquiétait mardi d’une possible “guerre des synodes”, les assemblées des ecclésiastiques de chaque Patriarcat reconnu comme indépendant. Cité par RBK, l’expert russe Roman Lounkine a affirmé que la situation actuelle pourrait entraîner l’apparition “de deux mondes orthodoxes antagonistes“, l’un fidèle à Moscou, qui revendique le plus grand nombre de croyants, et l’autre loyal à Constantinople, qui jouit d’une légitimité en tant que premier Patriarcat de l’Histoire.

Comme d’autres médias russes, le quotidien gouvernemental Rossiskaïa Gazeta a regretté que les fidèles russes ne puissent plus prier dans les monastères du mont Athos, en Grèce, un haut lieu du monachisme orthodoxe se trouvant sous la juridiction du Patriarcat de Constantinople.

Le quotidien Izvestia a rappelé les deux précédents grands schismes de la chrétienté, en 1054 entre orthodoxes et catholiques et 1517 entre catholiques et protestants.

Selon le journal russe, cette rupture pousse désormais “l’ensemble du monde orthodoxe à choisir” entre Constantinople et Moscou.

La Croix/AFP


13/10

ON EN PARLE A KIEV : Le patriarche de Constantinople a reconnu l’église orthodoxe d’Ukraine, au grand dam de Moscou.

A Kiev, cela ne fait aucun doute : la décision du Patriarchat de Constantinople de reconnaître une Eglise orthodoxe indépendante en Ukraine est « très politique », avant d’être religieuse. La preuve aux yeux des Ukrainiens est la réaction immédiate de Moscou qui a dénoncé par la voix du porte-parole du Patriarche russe Kirill « une décision catastrophique ». Il s’agit de « la légalisation d’un schisme », ajoute-t-il.

« C’est du langage digne du temps du KGB », le service de renseignement soviétique à la triste réputation, répond pour sa part un diplomate ukrainien à Kiev.

Pour le président ukrainien Petro Porochenko, il s’agit d’une aubaine avant les élections du 31 mars alors que sa cote de popularité est en baisse. « Dieu a vu le combat des Ukrainiens pour leur indépendance. Il a entendu nos prières », dit-il dans une longue déclaration . Il s’agit de la fin « de l’illusion impériale et des fantasmes étroitement nationalistes de Moscou », ajoute Petro Porochenko.

Dans un pays amputé depuis 2014 par la Russie de la Crimée et qui doit faire face au soutien russe aux indépendantistes ukrainiens dans le Donbass, la décision du patriarche Bartholomée de Constantinople met fin à une tutelle religieuse de la Russie qui dure depuis 332 ans et qui, selon le président ukrainien, ne repose sur « aucun document légal de l’église ».

Le président Vladimir Poutine, note-t-on à Kiev, avait justifié l’intervention de la Russie dans le Donbass et en Crimée, au nom de la protection des russophones et des orthodoxes vivant dans ces deux régions ukrainiennes. La reconnaissance de l’ autocéphalie « enlève un instrument important dans la guerre hybride que mène la Russie », affirme le diplomate. (…)

Les Echos

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