Fdesouche

Durant des mois, Pékin a nié avec force l’existence des camps secrets de détention de musulmans au Xinjiang, malgré l’accumulation de preuves récoltées par des ONG et des médias étrangers. Mais cette semaine, le Parti communiste chinois a brusquement changé de discours et tenté de justifier l’enfermement d’environ un million de citoyens, majoritairement issus de l’ethnie ouïghoure, en proposant des amendements à la loi «anti-extrémisme». Ces nouveaux textes cherchent à donner un cadre légal à l’utilisation de «centres de formation professionnelle» pour «éduquer et transformer» les personnes influencées par une idéologie extrémiste et leur offrir des «opportunités d’emploi».

Depuis le printemps 2017, le pouvoir chinois a développé l’internement à grande échelle de citoyens musulmans de la province du Turkestan oriental (ou Xinjiang). Selon de multiples témoignages et enquêtes, environ 10% de la population musulmane de la région serait détenue dans des dizaines de centres de détention extrajudiciaires, visibles sur des images satellites. Sous prétexte de lutte antiterroriste, les autorités arrêtent arbitrairement des citoyens de tout âge. La plupart disparaissent sans donner de nouvelles, enfermés sans limite de durée dans des cellules surpeuplées, soumis à un endoctrinement politique intensif, centré sur l’apprentissage par cœur des «pensées de Xi Jinping», le président chinois.

(…)

Toute marque de conviction religieuse, de respect de la tradition locale ou de liens avec l’étranger peut être considérée comme signe de «radicalisation» ou de «sympathie terroriste». Dans une région soumise à un contrôle policier de type totalitaire, la liste des infractions qui sont susceptibles d’envoyer un habitant derrière les barreaux est kafkaïenne. Par exemple : ne pas boire d’alcool ou fumer, utiliser la messagerie Whatsapp, être jeune et porter une longue barbe ou un foulard, refuser de livrer ses données biométriques, participer à des funérailles traditionnelles, parler avec quelqu’un qui a voyagé à l’étranger, ne pas laisser un fonctionnaire dormir dans son lit, tenter de se suicider lors d’une garde à vue, appeler son enfant Medina ou Mohammed, posséder plusieurs couteaux, refuser d’écouter la radio d’Etat ou de dénoncer ses proches… La liste d’interdits vient de s’allonger avec une loi «anti-halal», votée lundi dernier. Selon l’AFP, qui reprend un article publié par la municipalité d’Urumqi, la capitale de la province, les cadres du Parti ont reçu l’ordre de poster sur les réseaux sociaux ce serment : «Je crois au marxisme-léninisme. Je lève l’étendard et combats jusqu’au bout la mode du halal, ferme dans ma croyance, et même jusqu’à la mort». Le Global Times, journal officiel du Parti, justifie ce texte par le fait que le halal favorise «l’enlisement dans l’extrémisme religieux».

Libération

Fdesouche sur les réseaux sociaux