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Les familles des victimes du massacre du Bloody Sunday sont sur le point d’entamer une bataille juridique pour obtenir des dommages et intérêts. Les plaintes contre le ministère de la Défense déposées par les familles de deux des personnes tuées et d’un des blessés seront introduites devant la Haute Cour de Belfast cette semaine.

Pour rappel, treize personnes ont été tuées par balles lorsque des parachutistes de l’armée britannique avaient ouvert le feu sur des manifestants des droits civils à Derry (Londonderry) en janvier 1972. Une autre victime décèdera quelques jours plus tard. (Voir à ce sujet l’excellent film « Bloody Sunday )

En 2010, une importante enquête présidée par Lord Saville a conclu que les personnes tuées ou blessées le dimanche sanglant étaient innocentes. À la suite de ces conclusions, le premier ministre de l’époque, David Cameron, avait présenté des excuses publiques qualifiant ces meurtres d’injustifiés et d’injustifiables.

Le cabinet d’avocats Madden & Finucane a été chargé de 21 demandes intentées au nom de personnes tuées ou blessées par balle. Trois de ces actions doivent faire l’objet d’une audience de première instance sur la question des dommages-intérêts.

Parmi les actions qui seront étudiées cette semaine, celles des familles de :

  • Michael Quinn, un écolier de 17 ans en 1972 qui a été tué par balle dans le parc Glenfada.
  • Gerard McKinney, 35 ans, un père de huit enfants marié, tué par balle à Abbey Park.
  • Michael McDaid, un homme célibataire de 20 ans qui a été abattu près d’une barricade sur la rue Rossville.

Avant le début des audiences, Peter Madden, de Madden & Finucane, a déclaré que les familles étaient déçues de l’absence d’action en matière d’indemnisation. « En janvier 2011, j’ai écrit au Premier ministre de l’époque, David Cameron, pour lui demander des propositions sur la manière d’indemniser correctement les familles et les blessés et lui rappeler qu’il avait dit aux médias du monde entier que les événements du dimanche sanglant étaient injustifiés et injustifiables, » a-t-il dit au Belfast Telegraph.

« Une réponse a été reçue quelques semaines plus tard d’un fonctionnaire du ministère de la Défense qui a déclaré qu’il souhaitait résoudre la question aussi rapidement et efficacement que possible. Les familles sont déçues que le ministère de la Défense n’ait pas rempli cet engagement et qu’elles doivent aller au tribunal et à nouveau revivre ces évènements tragiques ».

L’enquête Saville, qui a innocenté les victimes du Bloody Sunday, a été la plus longue et la plus coûteuse de l’histoire britannique, coûtant 195 millions de livres sterling et s’étalant sur 12 ans.

A ce sujet le ministère britannique de la Défense étudie actuellement les moyens de renforcer la protection juridique de ses soldats engagés en Irlande du Nord au XXème siècle, suite notamment à une enquête pour tentative de meurtre ouverte par la police d’Irlande du Nord à l’encontre d’un ancien sergent du régiment de parachutistes.

« Nous sommes actuellement en train de consulter de nouvelles institutions pour améliorer le système actuel et veiller à ce qu’il n’y ait pas d’attention injuste et disproportionnée sur les anciens membres des forces armées et des policiers » a indiqué le ministère de la Défense.

Le principe d’une amnistie générale avait été évoquée. Mais elle a jusqu’ici été bloquée par les deux protagonistes du conflit : le Sinn Fein, entend que des soldats britanniques puissent être poursuivis pour leur action, tandis que les protestants du DUP craignent que cela n’autorise l’impunité des anciens de l’IRA.

Sir Hugh Orde, ancien chef de police du PSNI (de 2002 à 2009), a confié au programme Spotlight de la BBC. « Il est très clair qu’après 50 ans, les chances de parvenir à des preuves permettant à un procureur de pouvoir engager des poursuites sont extrêmement faibles. »

Breizh Info

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