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Le philanthrope répond à Stephen Smith qui annonçait dans un livre une migration de masse depuis l’Afrique subsaharienne vers l’Europe pour 2050. Il y estimait que l’aide au développement contribuerait à cette immigration. […]

Bill Gates ne connaît pas Stephen Smith. De l’autre côté de l’Atlantique, sa théorie n’a pas eu le même retentissement qu’en France. La fondation que le philanthrope dirige avec sa femme Melinda a investi 15 milliards de dollars pour le développement en Afrique, notamment dans la santé et l’éducation. Alors, on lui a demandé ce qu’il pensait de la thèse de Stephen Smith.

«S’il pense que l’Afrique sera plus stable si nous laissons le sida tuer 14 millions de personnes – que les aides maintiennent en vie –, si nous n’aidons pas à financer des écoles et la nutrition, c’est une erreur», ironise Bill Gates, interrogé par “l’Obs” lors d’une conférence de presse téléphonique, à la veille de la publication du rapport annuel de son organisation caritative. «L’énorme flux de migrants est lié à l’instabilité», dit l’ancien patron de Microsoft, prenant pour exemple le cas de la guerre en Syrie. […]

Depuis plusieurs années, bien que souvent ignorés, les chercheurs spécialisés s’entendent pour dire que ce n’est pas en accroissant l’aide au développement qu’on freinera l’immigration, objectif parfois non avoué des politiques internationales des Etats. Selon Stephen Smith, «les pays riches se tirent une balle dans le pied. En effet, au moins dans un premier temps, ils versent une prime à la migration en aidant des pays pauvres à atteindre le seuil de prospérité à partir duquel leurs habitants disposent des moyens pour partir et s’installer ailleurs». […]

Dans son rapport, la Fondation Bill et Melinda Gates constate que, «récemment, il a beaucoup été question de ce qui pourrait se passer si une large partie des jeunes vivant dans les pays les plus pauvres n’accèdent pas à plus d’opportunités pour construire une vie meilleure». «Les gens sont inquiets de l’insécurité, de l’instabilité et de l’immigration de masse que cela pourrait engendrer […]. Nous espérons qu’ils pourront aussi reconnaître que cette jeunesse représente un incroyable potentiel pour stimuler la croissance économique.» […]

«Ce n’est pas ‘la misère du monde’ qui s’inviterait dans les pays riches si l’on ouvrait davantage les frontières, mais la richesse émergente», explique François Héran.

L’Obs

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