Fdesouche

La publicité de Gap montrant une enfant voilée a fait polémique en France. L’occasion de se pencher à nouveau sur ce morceau de tissu « aux mille significations ». Article de Carol Mann chercheuse associée au LEGS de Paris-8 spécialiste de genre et conflits armés, université Paris-8-Vincennes Saint-Denis. Elle a publié « De la burqa afghane à la hijabista mondialisée ».

En France, où je vis, le terme « voile » est particulièrement confus, puisqu’il recouvre des variantes qui s’excluent souvent mutuellement : le foulard, la burqa, le niqab, le hijab, le jilbab.[…]

Aujourd’hui, la hijabista a le vent en poupe : c’est une jeune femme, vivant en Occident, qui a décidé de vivre sur son corps sa foi musulmane de façon moderne et branchée , selon les référents toujours changeants de la mode ; on retrouve ce phénomène, de façon plus limitée, au Moyen-Orient, au Pakistan et en Asie du Sud-Est.

La différence, c’est que la figure de la hijabista constitue une particularité de la jeunesse actuelle en Europe et sur le continent américain, qui continue à revendiquer une neutralité religieuse, alors que dans les pays musulmans elle est la norme, comme l’explique la sociologue pionnière du modest fashion Reina Lewis. La mode permet justement d’intégrer celles qui l’endossent, de vivre au temps présent, et non pas de les emmurer dans un état supposément religieux, figé dans la temporalité inerte des textes et selon l’interprétation des islamistes. […]

Au contraire, la mode des jeunes musulmanes, joyeuse, colorée, libérée, in fine jouissive, est un phénomène positif, puisqu’elle s’oppose d’emblée au niqab mortifère et à ses défenseurs. Elle permet une fluidité vestimentaire et, surtout, la possibilité de changer d’avis à tout moment.

Le Point

Fdesouche sur les réseaux sociaux