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Au moment où les populistes anti-immigration ont le vent en poupe en Europe et aux Etats-Unis, l’Australie se vante de sa propre politique draconienne, stratégie controversée mais efficace qui a largement dissuadé les migrants de gagner ses rivages. […]

Jusqu’alors, des migrants désespérés originaires d’Afghanistan, du Sri Lanka et du Moyen-Orient prenaient la mer à partir de l’Indonésie pour débarquer quasi quotidiennement sur les côtes septentrionales de l’immense pays.

Environ 1.200 personnes ont péri noyées lors de ces traversées, si bien que le gouvernement a opté pour la tolérance zéro, justifiée à ses yeux par la lutte contre les passeurs et la nécessité de dissuader les clandestins de risquer leur vie.

Les bateaux de migrants étaient systématiquement refoulés par les bâtiments de la marine australienne et le plus grand secret régnait sur ces opérations en haute mer.

Ceux qui parvenaient quand même à passer à travers les mailles du filet étaient exilés dans des camps de rétention reculés du Pacifique, à Nauru et en Papouasie-Nouvelle-Guinée. Même si leur demande d’asile était jugée fondée, ils n’étaient pas acceptés sur le sol australien.[…]

Peu après son investiture, le président américain Donald Trump a eu une conversation téléphonique tempétueuse avec le Premier ministre australien Malcolm Turnbull.

Mais sur l’immigration, les deux hommes ont trouvé un terrain d’entente.

«C’est une bonne idée. On devrait faire ça aussi. Vous êtes pires que moi», a lancé selon le Washington Post le locataire de la Maison Blanche à son interlocuteur.[…]

Beaucoup de migrants ont été envoyés dans des pays tiers. De manière ironique, certains sont partis aux Etats-Unis aux termes d’un accord conclu avec l’ancien président américain Barack Obama.

Le sujet ne fait plus la une de la presse australienne.

Le gouvernement australien fait valoir depuis longtemps que la tolérance zéro envers les clandestins sauve des vies et lui permet d’être plus compatissant envers ceux qui arrivent par les voies légales pour demander l’asile.

Si les frontières sont hermétiques, a souligné M. Turnbull la semaine dernière, les programmes humanitaires et de réfugiés sont généreux.

«La raison pour cela c’est que nous décidons, le gouvernement australien décide au nom du peuple australien, qui vient en Australie, pas les passeurs».

Certains contestent cette générosité. Mais le gouvernement conservateur n’est pas près de changer son fusil d’épaule. Ce qu’a dit clairement le weekend dernier le ministre de l’Intérieur Peter Dutton, expliquant que les passeurs étaient toujours actifs en Indonésie où un nombre estimé à 14.000 migrants attendent un bateau.

«Il est essentiel que les gens se rendent compte que les succès obtenus de haute lutte ces dernières années pourraient être mis par terre par un seul geste de compassion, par le transfert en Australie de 20 personnes sur Manus», a-t-il prévenu. «Les bateaux ont disparu et si un seul bateau réussit à gagner l’Australie, la nouvelle se répandra comme une traînée de poudre».

Le Point

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