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«Au moins Erdogan, lui, il a le courage de le dire!» Ce dimanche 10 juin, la caravane des quartiers, une initiative militante dénonçant l’islamophobie, s’est installée à Wazemmes (Lille). Sono branchée, café et thé servis, la discussion est lancée. C’est un jeune Franco-Marocain qui prend la parole pour saluer le «courage» du président turc.

La veille, en pleine campagne électorale en Turquie, Recep Tayyip Erdogan a vivement dénoncé l’intention du gouvernement conservateur autrichien d’expulser soixante imams et de fermer sept mosquées financées par Ankara. «Ils disent qu’ils vont bouter hors d’Autriche nos hommes de religion. Croyez-vous que nous ne réagirons pas si vous faites une telle chose?», a déclaré le numéro un turc, estimant que ces mesures vont entraîner une «guerre entre les Croisés et le Croissant» tandis que son porte-parole dénonçait, lui, «la vague populiste, islamophobe, raciste et discriminatoire» autrichienne.

Une partie de la réalité, pas toute la réalité

Tout à son admiration pour l’homme fort de Turquie, ce jeune Franco-Marocain n’évoque pas les photos qui ont déclenché l’ire de l’ensemble de la classe politique autrichienne et témoignent de l’importation des pratiques islamo-nationalistes turques en Europe. Pris dans une mosquée, des clichés montrent en effet de jeunes garçons en tenue de camouflage alignés en rang, faisant le salut militaire et agitant des drapeaux turcs. On les voit également allongés pour figurer les victimes de la bataille de Gallipoli, leur corps enroulé dans un drapeau turc.

L’enthousiasme des jeunes franco-maghrébins des quartiers populaires vis-à-vis du président turc irait grandissant, selon le sociologue Saïd Bouamama, l’un des animateurs de la Caravane des quartiers. «À leurs yeux, Erdogan c’est celui qui “tient tête à ceux qui nous font courber l’échine”. Paupérisée et précarisée, cette génération franco-maghrébine se sent isolée et diabolisée, jugée dans sa foi et constamment questionnée sur son droit à être française. Alors elle s’accroche au moindre élément de résistance: Erdogan en est le principal.»

Le modèle turc

De nombreux jeunes des cités vont en vacances «low cost» en Turquie. Ils y découvrent une société de consommation à la française, qu’ils apprécient, et en même temps la possibilité de vivre l’islam sans être tout le temps sommés de choisir. «Il y a le sentiment chez de nombreux jeunes franco-maghrébins qu’il leur est demandé de cesser d’être musulman pour être français, donc la Turquie apparait comme un modèle où citoyenneté et foi sont compatibles» confirme Saïd Bouamama.

(Merci à Vince)

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