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Pour éviter la subjectivité, la notation est « harmonisée ». Derrière ce mot, des enseignants dénoncent une incitation à surévaluer les copies.

Pour atteindre un taux de réussite quasi constant au baccalauréat (environ 88 % depuis 2014), certains inspecteurs, assistés d’enseignants zélés, rivalisent d’imagination. Petits arrangements, bidouillages, argumentaires abscons… tout est bon pour faire grimper les notes. Des profs correcteurs, lassés de ces consignes – passées essentiellement à l’oral – qu’ils jugent injustes, ont osé dire non à leur hiérarchie. Pour Le Point.fr, ils dévoilent les coulisses de la fabrique des notes. Un secret bien gardé. […]

Concrètement, il s’agit de ne pas être en dessous de la moyenne académique de l’année précédente, surtout pas en dessous de la moyenne nationale (en 2017, le taux de réussite au bac, toutes voies confondues, était de 87,9 % et de 90,6 % pour la voie générale). Quatre millions de copies seront corrigées ce mois-ci par des professeurs consciencieux en un temps record. Mais la note finale sera-t-elle celle qu’ils ont écrite au crayon de bois le soir à la veillée ou sera-t-elle « gonflée » par leurs soins en commission d’harmonisation ou, bien plus tard, à leur insu ? […]

Virginie Subias Konofal, agrégée de lettres classiques et auteur de « Histoire incorrecte de l’école », est persuadée que l’inspection ne se gêne pas pour passer derrière les correcteurs. Et elle a de fortes raisons de le croire. Un jour, alors qu’elle était en train de corriger des copies du bac de français, dont certaines étaient «vraiment indigentes», elle reçoit un coup de fil de son chef de jury. « Il faut que votre moyenne remonte de 3 points, lui ordonne l’enseignant missionné par le rectorat. Soit vous remontez tout votre paquet de 3 points soit vous piochez au hasard certaines copies que vous remontez de 6 points. » Virginie Subias Konofal refuse d’obtempérer. Réponse du chef de jury : «Si vous ne le faites pas, je le ferai ! » […]

Le Point

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