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A Charleroi, la brigade spécialisée dans la lutte contre le trafic de stupéfiants a récemment démantelé un réseau qui utilisait des mineurs étrangers non accompagnés pour commettre des infractions. Le suivi judiciaire de ces jeunes est difficile. Faute de places dans les institutions, certains sont rapidement relâchés. Les trafiquants profitent donc de cette “main d’œuvre” particulièrement vulnérables. Nos journalistes Benjamin Samyn et Emmanuel Tallarico ont mené l’enquête.

Nos journalistes ont pu pénétrer dans les sous-sols de la zone de police de Charleroi. Après avoir été arrêtés, c’est ici que sont placés les dix membres d’un réseau actif dans le trafic de stupéfiants qui vient d’être démantelé. Parmi ces suspects, l’un d’entre eux est un mineur. Il n’en est pas à son coup d’essai. “On l’a arrêté trois fois sur un mois avec des quantités de 100 à 200 grammes d’héroïne et plusieurs milliers d’euros. C’était un MENA (NDLR: un mineur étranger non accompagné), il disait qu’il avait 12 ans et demi. Mais si on l’a arrêté trois fois, c’est qu’on l’a libéré trois fois. Pour preuve, aujourd’hui on l’a encore arrêté. Donc il y a un réel problème. Il y a quelque chose qui ne fonctionne pas“, indique un enquêteur de la police sous couvert d’anonymat.

Une mère de famille à la tête du réseau: elle a utilisé ses propres enfants

Les MENA, ce sont les mineurs étrangers non accompagnés. Dans le réseau qui vient d’être démantelé, c’est une mère de famille qui gérait d’une main de fer le business de la drogue. Elle impliquait ses propres enfants, parfois mineurs, dans le trafic. “Le sommet de la pyramide est une dame. Une dame d’origine marocaine qui vivait, puisqu’on vient de l’arrêter sur notre territoire, à Palma de Majorque, et qui dirigeait d’une main de fer toute l’organisation, dans laquelle elle a injecté trois enfants“, précise l’enquêteur.

Si des jeunes sont utilisés comme cheville ouvrière, c’est parce que les réseaux se jouent des failles du système judiciaire belge. “Si au niveau jeunesse il n’y a pas de place dans les centres, ce qui est souvent le cas, automatiquement dans les 24 ou 48 heures les jeunes sont remis en liberté. Donc c’est une main d’œuvre hyper intéressante et efficace dans la criminalité“, explique un autre policier.

Si le travail policier est conséquent en amont, le suivi judiciaire des mineurs va dépendre des moyens disponibles. “C’est le tribunal de la jeunesse qui est compétent pour juger de la situation d’un mineur. Et nous savons qu’aujourd’hui les juges de la jeunesse font aussi avec les moyens qui sont les leurs. Il est possible que l’on place dans des centres, en visant le côté éducatif, mais cela n’est pas aussi évident qu’on le pense, et ça dépend du nombre de places effectives“, confie Fabian Lauvaux, avocat pénaliste.

Finalement, lors des dernières perquisitions concernant le trafic démantelé par la police de Charleroi, deux mineurs ont été interceptés. L’un a été placé dans un centre et l’autre a été libéré.

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