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Une étude australienne réalisée sur un groupe d’enfants âgés de 4 ans à 9 ans en 2001 faisait déjà frémir, assurant que, de 4 ans à 7 ans, les enfants blancs préféraient les enfants blancs aux enfants noirs, les trouvant “plus propres” et “plus intelligents”. Tout en assurant que ces “préjugés” déclinent dès 8-9 ans.

Pour tenter de comprendre les rouages de ce racisme infantile, il faut se référer à Jean Decety, professeur de psychologie et de psychiatrie à l’université de Chicago, ayant longtemps travaillé sur ces questions de “sens moral” chez les enfants : “Des études réalisées avec des bébés indiquent qu’ils sont dotés dès la première année d’un système évaluatif qui permet de distinguer les interactions sociales positives des interactions sociales négatives (…) Le jugement moral est produit par des processus automatiques (intuitions), affectifs (attachement, aversion au mal, émotions sociales) et cognitifs qui font partie d’un système d’évaluation général qui guide la prise de décision.” En d’autres termes, Jean Decety démontre que les enfants, quand ils appartiennent à une communauté bien identifiée (noire, jaune, blanche), font preuve de plus d’éthique pour ceux qui appartiennent à leur groupe qu’un autre groupe.

Dès deux ans, les enfants ont un sens inné de l’éthique et de la morale, ils distinguent ce qui est éthique et ce qui ne l’est pas. Ils en sont très tôt capables, ils le détectent. Nicolas Georgieff, professeur de psychiatrie

Une thèse que soutient le professeur de psychiatrie Nicolas Georgieff : “Chez l’enfant, il y a une programmation innée à appartenir à un groupe plutôt qu’à un autre, et à avoir des comportements de préférence groupale, identitaire. En cela, oui, les conditions du développement éventuel du racisme peuvent être présentes. Dès deux ans, les enfants ont un sens inné de l’éthique et de la morale, ils distinguent ce qui est éthique et ce qui ne l’est pas. Ils en sont très tôt capables, ils le détectent. Mais cela ne signifie pas qu’ils sont éthiques ou moraux.”

 

Que faire si son enfant tient des propos racistes ?

Le racisme chez l’enfant n’est évidemment pas génétique, il est le produit du sempiternel déterminisme : si l’enfant est éduqué dans une famille raciste, il deviendra raciste, les valeurs de la famille devenant les valeurs de l’enfant : “Il y a une programmation génétique de base et sur cette base-là, on peut aussi bien faire des saints que des criminels, confirme à LCI Nicolas Georgieff. C’est l’environnement et la culture qui vont tout faire que l’enfant préférera avoir un comportement éthique ou moral et non un comportement non-éthique et non-moral, par exemple le racisme, prototype d’un comportement non-éthique. L’enfant a une morale, il s’interdit certaines choses. Il choisit l’éthique quand il a conscience que les autres le regardent et le jugent. Autrement dit, lorsqu’il est dans un groupe avec des règles, des principes de base, l’éthique comme valeur.”

D’où l’impérieuse nécessité de la mixité des groupes lorsqu’on est tout petit pour empêcher le racisme. L’éducation, dès les premiers âges, en particulier tout ce qui va se passer dès que l’enfant s’inscrit dans le groupe social (la crèche, la maternelle etc.), joue ainsi un rôle fondamental. (…)

En somme, charge aux parents d’éduquer leurs enfants face au racisme, de pointer directement du doigt les dérapages, de ne pas éluder les conversations inconfortables et de ne pas rester passifs, assis sur un banc, lorsqu’un enfant est confronté seul avec sa mère à un acte de racisme éhonté, comme dans cette vidéo.

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